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LA COLONISATION
DANS LES COMTÉS DE
DORCHESTER,
BELLECHASSE,
MONTMAGNY,
L'ISLET,
KAMOURASKA
PAR
EUGENE ROUILLARD
SOUS LES AUSPICES DE
L'honorable Adelard TURGEON,
Commissaire cb la Colonisation et des Mines
QUÉBEC.
1901
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Carte photogiaphiée des comtés de Dorchester, Bellechasse,
Montmagny, L'Islet, Kamouraska.
LA COLONISATION
REMARQUES PRELIMINAIRES
Depuis une quinzaine d'années que la presse se préoc-
cupe, avec un intérêt marqué, de la colonisation dans
notre pays, la réclame n'a jamais porté que sur trois à
quatre de nos grandes régions.
C'est à ce point qu'on pouvait croire — à l'étranger du
moins — qu'en dehors de la Matapédia, de la vallée du Lac
Saint-Jean et du Témiscamingue, il n'y avait plus de
terres à défricher ou que celles-ci ne méritaient point de
fixer l'attention du colon.
Quelles sont, en effet, ies feuilles publiques qui aient
jamais songé à nous entretenir des cantons ouverts à la
colonisation dans les comtés de Bellechasse, de Dorchester,
de Montmagny, de l'islet et de Kamouraska ? Quelles
sont celles qui nous ont fait assister à la création ou au
développement des nouveaux villages dans ces divers
comtés situés presqu'à nos portes ?
Ce n'est pas un reproche que je formule ici, c'est un
simple f >it que jVntends constater. ^
Dans la vie quotidienne du journalisme, on n'a guère,
en effet, le loisir de fouiller à fond les livres bleus, de
compulser les rapports des fonctionnaires publics, de
suivre de près les étapes d'un mouvement qui, tout en
subissant parfois des arrêts, n'en est pas moins pro-
gressif.
Et pourtant ce travail mérite d'être fait. Il le mérite
d'autant mieux que dans ce pays, la colonisation est
— 4
l'œuvre par excellence, que tout se rapporte à elle et
qu'elle constitue l'un des principaux articles du pro-
gramme politique de tous les gouvernements.
* Je n'ai pas et ne saurais avoir la présomption de
livrer une étude complète sur la matière, mais je crois
obvier à une lacune réellement existante en publiant,^
même en raccourci, les notes que j'ai pu recueillir sur nos
cantons à coloniser dans les comtés dont je viens de
dresser rénumération.
Une chose certaine c'est que ces cantons et les colonies
auxquelles ils ont donné naissance ne sont pas connus
comme ils déviaient l'être, et que cette ignorance jointe fi
une absence totale de propagande, dont l'on se montre si
prodigue ailleurs, n'est pas étrangère, pour quelques-uns
du moins, à leur défaut d'expansion. ^ J
L'heure, à mon avis, de parler de cette région, est d'au-
tant mieux venue, qu'il est question de la sillonner d'une
voie ferrée parallèle au chemin de fer Intercolonial et
qu'une subvention en argent a déjà été votée à cet effet
par le gouvernement fédéral. Or, en supposant que cette
grande entreprise passe bientôt dans le domaine des faits,
l'on peut déjà entrevoir l'heureuse et rapide transforma-
tion qui va s'opérer dans tous ces cantons amplement
pourvus des meilleures essences forestières et favorisés
d'un sol propre à la culture. Les colonies naissantes ne
sauraient manquer de recevoir de ce chef une puissante
poussée, sans compter qu'il devra en surgir une foule
d'autres sur tous les points de ce grand territoire.
*
* *
J'ai fait, il y a un instant, cette remarque, que la presse,
concentrant exclusivement son attention sur les grandes
régions de colonisation du pays, avait assez peu contribué
à éclairer l'opinion sur la partie du territoire qui nous
occupe. Il ne faudrait pas conclure de cette observation
que cette portion de notre territoire a été abandonnée à
— 5 —
elle-même et que la colonisation n'y a reçu aucune impul-
sion. L'histoire des nouvelles colonies que je me propose
de faire défiler dans les pages qui vont suivre, va démon-
trer le contraire. Il y a eu presque partout des progrès
réellement étonnants, et ces progrès sont dus, presqu'en
entier, à l'intarissable dévouement ainsi qu'à l'initiative
toujours en éveil de notre clergé.
Dans un remarquable discours prononcé en 1898, au
Congrès de colonisation tenu à Montréal, l'honorable A.
Turgeon, parlant de l'œuvre delà colonisation, en général,
avait dit déià : " Le prêtre est le grand colonisateur, et
le système paroissial est l'un des agents les plus actifs de
l'expansion nationale."
En parcourant, il y a quelques mois, les colonies rurales
de Dorchester, de Beilechasse, de Montmagny, de l'Islet
et de Kamouraska, j'ai pu, moi-même, me convaincre une
fois de plus, de la justesse et de la vérité des paroles de
l'éloquent orateur. A la base de chacune de ces colonies,
dont quelques-unes sont en plein épanouissement, appa-
raît invariablement l'intrépide missionnaire catholique.
C'est la grande force agissante dans cette partie du dis-
trict de Québec comme elle l'est ailleurs.
Les écoles, les cercles agricoles, l'industrie laitière e t
jusqu'à l'organisation du réseau téléphonique qui relie
les colonies naissantes aux paroisses, tout ou presque tout
relève de son initiative.
Ami du progrès matériel, on le voit se dépenser partout
sans compter, lorsque son intervention peut être utile et
contribuer à l'amélioration du sort de nos braves colons.
En résumé, — et je me plais à rendre ce témoignage, après
bien d'autres — le mouvement colonisateur n'a pas dans
la région que nous allons esquisser à grands traits, d'agent
plus effectif et plus sincèrement dévoué que l'humble
missionnaire auquel incombe la tâche de diriger ces nou-
velles colonies qui seront demain, par leurs soins, de
grandes et florissantes paroisses.
Québec, janvier, 1901. E. R.
COMTE DE DORCHESTER
Exploitations agricoles. — Population. — Fromage-
ries ET BEURRERIES. — COURS D'EAU.
Dorchester est pour ainsi dire aux portes de Québec;
seul, le comté de Lévis nous en sépare. Un chemin de
fer, le Québec Central, nous met en communication avec
deux importantes paroisses, et les autres peuvent être
atteintes facilement par les chemins de voiture.
Le comté de Dorchester est un district essentiellement
agricole, renfermant une quinzaine de paroisses, presque
toutes dans un état florissant, avec une propriété foncière
d'une valeur qui dépasse trois millions de piastres. En
1891, les exploitations agricoles avaient donné les résultats
suivants :
Nombre d'acres occupés 368,204
Nombre d'acres sous culture 116,830
Nombre d'acres en forêt 174,687
Sa population, au dernier recensement était de 19,017
âmes, mais depuis de nouveaux centres se sont ouverts,
de nouvelles missions ont été fondées, des fils de cultiva-
teurs sont allés fonder des établissements dans les cantons
Langevin et Watford, et ont formé çà et là d'importants
groupes.
Il n'y a, à la vérité, que cinq cantons dans ce comté où
il y ait des terres disponibles, mais ces cinq cantons ren-
ferment encore une étendre de terres assez respectable,
environ 115,000 acres.
Le prix des terres n'est que de trente cents par acre, et
l'agent préposé à leur vente est M. J. E. Cayouette, qui
réside à Sainte-Claire.
Nous ne devons pas oublier de mentionner le fait que
l'industrie laitière a toujours été en grand honneur dans ce
comté. Déjà, en 1891, ce comté avait fabriqué près de
800,000 livres de beurre. En 1899, on y compte quatre
beurreries et quarante-quatre fromageries. Il a été fabri-
qué dans la même année 2,398,064 livres de fromage qui
ont rapporté $239,807.
Les chemins de colonisation sont en bon état et l'on en
ouvre de nouveaux chaque année. La plus considérable
de ces routes est le grand chemin Etchemin qui ouvre
une communication continue avec les anciennes seigneu-
ries de Saint-G-ervais, Lauzon, Sainte-Marie, et les cantons
Frampton, Cranbourne et Watford.
Des rivières assez importantes arrosent tout ce canton
Mentionnons la rivière Etchemin et ses tributaires, la
rivière Saint- Jean, et son principal bras, la rivière Daa-
quam, ainsi que les rivières Famine, Grande Coudée,
Saint-Joseph, et qui tombent toutes dans la rivière Chau-
dière.
La rivière Etchemin n'est pas navigable, mais depuis
les premières chutes jusqu'à la rivière Ware, à l'angle sud
du canton de Buckland, sur une distance de huit milles
environ, elle traverse un terrain d'alluvion. Son lit est
étroit et profond, son cours moins rapide, et l'on peut y
naviguer en canot. Sur le reste du parcours, brisé par
des cascades, il est impossible de songer à s'en servir
comme moyen de communication. En traversant Saint-
Anselme, la rivière Etchemin roule en cascades, et fait
mouvoir plusieurs moulins.^
C'est aussi le tributaire le plus considérable de la Chau-
dière. Il y a une quarantaine d'années, on découvrit à la
suite d'explorations, que le lit de c~tte rivière contenait
* D'après M. J. R<y, dans sa reniai quable étude sur la Seigneurie de
Lauzon, la rivière des Etchemin» fut ainsi appelée par Champlain, parce
que les aborigènes de la tribu qui portaient ce nom en suivaient le cours,
pour se rendre à Québec.
— 9 —
des gisements aurifères. Le gouvernement accorda
aussitôt des permis autorisant l'extraction du précieux
métal, et il en fut trouvé, paraît-il, en certaines quan-
tités.
Vers 1886, MM. Saint Onge et frères, s'associèrent pour
l'exploitation du même minerai trouvé dans la rivière
Famine, mais pour une raison ou pour une autre ils discon-
tinuèrent leurs opérations au bout d'un an. l'epuis cette
date, aucun travail sérieux n'a été fait pour exploiter les
gisements aurifères de la rivière.
La rivière Famine sort d'un réseau de petits ruisseaux,
près de Sainte-G-ermaine et se jette à Saint-Georges, près
de la Pointe Sainte-Barbe, et la rivière Daaquam sort du
canton Langevin.
Il y a aussi plusieurs le es ; le plus important est celui
d'Etchemin qui occupe une superficie de 700 arpents.
LES PAROISSES
Saint-Anselme.- C'est la plus importante paroisse du
comté. Elle est située à vingt et un milles de Québec, et
l'on s'y rend par le chemin de fer de Québec Central.
La rivière Etchemin passe presqu'au centre du village,
divisant la concession de Sainte-Thérèse de celle de Saint-
Philippe. Les pouvoirs d'eau fournis par cette rivière
ont été utilisés autrefois pour l'industrie forestière, notam-
ment par les messieurs Larochelle. Depuis, le commerce
de bois n'a fait que péricliter, mais il pourrait bien
reprendre vigueur, si, comme on le prétend, une compa-
gnie de pulpe a l'intention de s'installer à Saint-Anselme
et d'utiliser les pouvoirs hydrauliques que l'on y
rencontre.
Saiut-Anselme compte actuellement trois fromageries
qui fout d'excellentes affaires. Elle est en outre le prin-
cipal marché du fromage du comté C'est ici en effet que
tous les fabricants des autres paroisses viennent porter
-.10 —
les produits de leur fabrication qui sont expédiés ensuite
par chemin de fer à Québec et à Montréal.
La population dépasse 2,000 âmes.
Sainte-Hénédine.— A vingt-six milles de Québec et
reliée comme Saint-Anselme par le chemin de fer du
Québec-Central
La rivière Le Bras, traverse les concessions de Sainte-
Thérèse et de la Grande Ligne.
Il y a ici trois fromageries et deux beurreries-fromage-
ries
Sainte-Hénédine est une paroisse essentiellement agri-
cole. Population, 1049 âmes.
Cette paroisse est aussi le siège d'un bureau d'enregis-
trement des titres de propriété.
Sainte-Claire. — Une belle paro sse agricole qui date de
1824 et que l'on rencontre à trois lieues de Saint- Anselme.
On y compte Y à 8 fromageries, un moulin à scie, quatre
moulins à farine, deux moulins à fouler, une grande
tannerie, etc.
La rivière Etchemin traverse ce village dont la popu-
lation est de près de 1700 âmes. Relié par le téléphone
à toutes les paroisses voisines.
On admire ici une spacieuse et belle église, éclairée
depuis près de deux ans par le gaz acétylène.
Saint-Isidore. — Cette paroisse érigée civilement en
1842 comprend une étendue de territoire d'environ sept,
milles de front sur une profondeur de deux à trois milles.
Ce village qui compte de très belles fermes et une popu-
lation agricole qui vit dans l'aisance, n'est qu'à trois
lieues de Saint-Henri. Deux fromageries. Population,
1555 habitants.
Saint-Bernard. — Paroisse agricole située au sud de
Saint-Isidore. Compte une fromagerie. Population, 1582:
âmes.
— 11 —
Sainte-Makguerite. — Bornée au nord par la paroisse
de Ste-Hénédine. Elle compte quatre fromageries. Popu-
lation, 1324 âmes.
St-Edotjard de Frampton.— A treize milles de Ste-
Hénédine. Cette belle paroisse agricole, formée à même
le canton de Frampton, a été établie par des colons irlan-
dais et écossais. Quoique l'érection civile de cette paroisse
ne remonte qu'à l'année 1858, les premières concessions
de lots semblent dater de l'année 1806. On y trouve une
fromagerie en opération depuis plusieurs années. Popu-
lation, 1653 âmes. Les deux tiers sont aujourd'hui
d'origine française.
Saint-Malachie. — Cette paroisse, située à trois lieues
de Ste-Claire, a été créée comme la précédente, à même le
canton Frampton dont les onze rangs sont aujourd'hui
presque totalement colonisés. Son érection civile date de
1874 L'église qui a été terminée en 1896, est l'un des
plus beaux temples religieux du comté, M. l'abbé Fré-
chette qui est à la tête de cette paroisse a organisé un
service téléphonique avec Saint-Anselme et Ste-Claire.
On doit aussi à son intelligente initiative la création de
plusieurs fromageries qui ont fabriqué en 189'J pour
$23,000 de fromage.
Depuis que l'industrie laitière a pénétré dans le village,
— on y compte actuellement six fromageries — celui-ci
s'est sensiblement amélioré ; il est devenu presque
coquet.
La population est de 1482 âmes, dont un tiers
d'origine irlandaise.
St-Léon de Standon.— A sept lieues et demie de St-
Anselme, et à trois lieues du lac Etchemin. On s'y rend
de St-Anselme en passant par Ste-Claire et St-Mala-
chie. Cette paroisse qui date de 1871 a été créée à même
certaines parties des cantons de Standon, Cranbourne,
Frampton et Buckland.
— 12 —
St-Léon possède cinq fromageries et une population de
1600 âmes. Les cultivateurs vendent en grande partie
leurs produits à St-Anselme.
Le village* est baigné, dans presque toute sa longueur,
par la rivière Etchemin qui est ici assez profonde et même
poissonneuse.
Saint-Odilon. — Cette paroisse, érigée civilement en
1890, se trouve à trois lieues de Saint-Edouard de Framp-
ton. Elle s'est formée à même le canton de Cranbourne.
Sa population est présentement de 1,018 âmes.
Les terrains de ce village sont de bonne qualité, et la
propriété foncière y est estimée à $106,225.
L'on y compte deux fromageries.
Sainte-Germaine du lac Etchemin: — Gracieux vil-
lage qui se rairo dans les eaux du beau lac Etchemin —
une pièce d'eau qui a trois milles de long et trois quarts
de mille de largeur. Il a été formé à même certaines
parties des cantons Ware, Cranbourne et Standon. Son
érection date de 1870 et la population y est actuellement
de 1516 âmes. La culture s'est améliorée considérablement
depuis quelques années. La fromagerie qui y fonctionne
a donné en 1899, $15,000.
Saint-Maxime. — Cette nouvelle paroisse, dont l'érection
date du mois d'octobre 1896, a été détachée des paroisses
Ste-Marie, SMsidore et St-Bernard. Elle est bornée au
nord-ouest par la ligne séparative des seigneuries de
Lauzon et de Joliette, au S. li. par les paroisses Ste-Marie
et St-Bernard, et au S. O. par la rive droite de la Chau-
dière. La population de St-Maxime était estimée en 1887
à 654 habitants et sa valeur foncière à $154,000.
*Par "village" — et cette expression reviendra souvent — nous entendons
toujours désigner la "paroisse" entière ou la "municipalité".
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Sainte-Justine. — On se rend à Ste-Justine en passant
par St-Anselme dont elle est éloignée de quinze lieues et
en traversant les paroisses Ste-Claire, St-Malachie et Ste-
G-ermaine. C'est une belle paroisse dont le développe-
ment a été assez rapide et qui a été formée à même le
canton Langevin. Son érection civile ne date que de 1890.
mais les premiers établissements remontent à plus de
trente ans.
Les terres sont généralement bonnes, mais ce qui a con-
tribué surtout à l'expansion de ce village c'est le dévelop-
pement qu'y a pris l'industrie laitière en ces dernières
années. Ce village, né pour ainsi dire d'hier, possède cinq
fromageries qui lui ont rapporté en 1899 la jolie somme de
|25,000. Les cultivateurs de Ste-Justine vont vendre
généralement leurs produits à St-François, de la Beauce,
qui n'est éloigné que de neuf lieues.
La population de Ste-Justine était de 009 âmes en 1891 ;
elle est montée actuellement à 957 âmes. La propriété
foncière était estimée en 1897 à $121,000.
CANTONS ET NOUVEAUX CENTRES DE POPULATION
Cranbournj-;. — Ce canton comprend quatorze rangs et
il reste à peine une trentaine de lots à prendre dans les
trois derniers rangs.
Les premières concessions de lots remontent à 1830.
C'est à même ce canton que s'est formée la paroisse de
St-Odilon.
Ce qui reste à coloniser est un terrain inégal et rocheux.
Standon.— C'est un canton de quatorze rangs où la
colonisation s'est développée dans une assez large mesure.
Il y a déjà dans ce canton une paroisse, St-Léon, qui date
de trente ans.
La rivière Etchemin borde ce canton où l'on peut encore
trouver 150 lots à acheter. La terre est quelque peu
rocheuse, mais bonne. Il se récolte particulièrement une
grande quantité de foin sur les pointes formées par la
rivière.
— 14 —
A l'origine, tonte la population était d'origine anglaise.
Les canadiens-français commandent aujourd'hui une
grande majorité.
Ware. — Au sud du canton Standon, avec 12 à 13,000
arpents de terres disponibles, propres à faire d'excellents
établissements. Il faut en excepter néanmoins les rangs
6, 7 et 8 où le sol est d'une qualité inférieure.
On trouve des colons établis sur presque tous les rangs.
Ce canton est encore assez riche en épinette et en
érable, bien que l'on ait fait beaucoup de bois le long de
la rivière Etchemin.
La paroisse Ste-GJ-ermaine, située sur les bords du lac
Etchemin, se trouve dans ce canton.
Langkvin. — C'est un magnifique canton où le gouver-
nement offre en vente 40,000 arpents de terres, et où les
bois de construction abondent : érable, merisier et plus
particulièrement l'épinette blanche. •
Les premières tentatives de colonisation dans le canton
Langevin, qui n'est qu'à vingt et une lieues de Québec
datent de 1862, alors que les religieux Trappistes, sous la
direction du Père Jos. André, s'y installèrent et se mirent
à abattre la forêt environnante pour créer une ferme
modèle. Le labeur de ces bons religieux porta imméd'a-
tement ses fruits. Un monastère fut édilié, un moulin à
scie fut construit, des routes surgirent partout et lorsqu'un
jour des circonstances incontrôlables que je n'ai pas à
relater ici, les forcèrent à abandonner une terre qu'ils
avaient arrosée de leurs sueurs, leurs défrichements em-
brassaient déjà plus de cent arpents. Leur passage dans
ce canton, si court qu'il ait été, eut toute fois de bons résul-
tats. Des fils de cultivateurs, désertant les anciennes
paroisses, vinrent se grouper près du monastère et donnè-
rent naissance à la paroisse de Sainte-Justine. Quant à
l'ancien établissement des Trappistes, qui comptait 17
lots, il fut vendu à un particulier du nom de Labbé- — qui
le paya $4,000.
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— 15 —
Comme je l'ai déjà fait remarquer, il reste encore un
grand nombre de lots à prendre dans ce canton. Pres-
que tous sont recommandables. La plus grande partie
de ce territoire est plane et peu rocheuse, ayant en outre
l'avantage d'être arrosée par de nombreux cours d'eau qui
se jettent dans la rivière Daaquam, qui divise les 7ème et
8ème rangs de Langevin.
Il y a d'excellentes routes de communications dans ce
canton qui permettent d'atteindre le cauton de Watford
qui n'est qu'à trois lieues et même St-Magloire, dans le
canton Roux, à quinze milles.
Watfokd. — Au sud de la paroisse de St-Odilon, nous
rencontrons le canton Watford, traversé par la rivière
Famine et celle des Abénaquis. C'est vers ce canton que
se porte aujourd'hui le plus fortement le courant coloni-
sateur. Ce canton — sauf le rang 8, qui ne présente que
des savanes, — est fertile. De grands iucendies ont autre-
fois ravagé ce canton, détruisant des bois de grande
valeur. On y trouve encore toutefois plusieurs rangs bien
boisés, en érable et autres bois. Le chevreuil y abonde.
Plusieurs cours d'eau, dont les lits sont généralement
profonds, le traversent en tous sens, et le lonc: de ces
cours d'eau, se rencontrent nombre de plateaux formés
d'un sol d'alluvion très riche et recouvert d'arbres.
En 1897, un pont a été jeté sur la rivière des Abénaquis,
entre les rangs B et 7, Sud-Ouest du canton Watford, et
de nouvelles routes ont été tracées, grâce au concours du
gouvernement. En 1898, un autre pont a été érigé sur la
rivière Famine et une route a été pratiquée entre Ste-
Rose et St-Prosper, entre les 4ème et ôèrne rangs.
Les explorateurs s'accordent à reconnaître que le canton
"Watford est supérieur à tous les autres cantons du comté
de Dorchester, sous le rapport de la qualité du sol et de
l'absence de pierres.
Ajoutons aussi que les chantiers que font les messieurs
Breakey dans ce canton, sont un grand appoint pour le
colon.
— 16 —
La quantité d'acres de terre disponibles daus ce canton
est actuellement de 15,889.
Il y a aujourd'hui deux villages importants qui se sont
formés à même ce canton : St-Prosper et Sainte-Rose.
SAINT PROSPER.
Cette nouvelle colonie qui n'est pas encore érigée
canoniquement, renfermait au 1er janvier 1899, 13Ï
cultivateurs et une population totale de 853 âmes. Il
y a une église et un curé résident, monsieur l'abbé
J. E. Hudon, dont le dévouement à la cause de la coloni-
sation a notablement contribué à l'expansion du village.
Dans ce même village, les messieurs Larochelle, cultiva-
teurs, ont construit un moulin à scie, il y a quelques
années. On y a aussi installé deux fromageries :
En 1891, l'étendue des terres en culture était de 2067
arpents.
SAINTcl-ROSE.
La fondation de Sainte-Rose remonte à vingt ans,
mais la première mission n'y fut donnée qu'en 1893.
Les commencements furent assez pénibles. Des six
premiers colons qui s'emparèrent du sol, un seul M.
Lamontagne, eut le courage de persévérer Ses peines,
comme son exemple, ne furent point perdus. On iinit
par se rendre compte qu'il y avait là un vaste champ à
exploiter pour des solides travailleurs, et en moins de dix
ms, le premier colon qui s'était établi dansées parages, —
vit grossir son voisinage dans de notables proportions.
Ste-Rose a un curé résident depuis < inq à six ans. C'est
M. l'abbé Yeilleux qui dessert actuellement cette jeune
paroisse.
La paroisse a été aussi dotée, il y a deux ans d'un mou-
lin à scie, puis de deux fromageries qui ont rapponé
$4.000, l'an dernier La population de Ste-Rose est
d'environ 500 âmes.
— 1? —
La mission Saint-Louis de G-onzague formée, il y a deux
ans, à même les cantons de Watford et de Langevin, ren-
ferme une douzaine de familles. M. J. 0. Grosselin a été
le premier défricheur de cette partie de la forêt.
Pendant trois années, il s'est vu seul, en plein bois,
travaillant néanmoins avec courage et ne perdant jamais
espoir. Aujourd'hui M. G-osselin possède une jolie ferme,
et son exemple en a entraîné d'autres à prendre des terres
dans le voisinage.
St-Louis de GJ-onzague comprend les lOème, llème et
12ème rangs de "Watford.
SAINT BENJAMIN.
Cette nouvelle paroisse est formée à même une partie
du canton de Craubourne et d'une trentaine de lots
dans Watford.
On y comptait au 1er janvier 1900, 50 cultivateurs et
une population totale de -550 âmes.
L'autorité ecclésiastique vient de confier la desserte de
cette jeune paroisse à M. l'abbé Eleusippe Uochette.
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CCIViTE DE BELLEGHASSE
MOUVERTEKT DE LA PGPULAT ICN.-EXPLOITATIONS
AGRICOLES. -ANCtENNES PAROISSES.
Il y avait autrefois plusieurs seigneuries dans les limites
de ce comté. C'étaient les seigneuries de Saint-Yalier
de Saint-Michel, de Beaumont, de la Durantaye, de la
Martinière, de Vincennes, de St-Gervais et Livaudière et
le Fief Mont à peine. Toute la partie cultivable de ces
anciennes seigneuries est colonisée depuis longtemps. On
y compte même des paroisses très populeuses et très
riches.
Le recensement de 1881 donnait pour ce comté une
population de 16,914 âmes. Dix ans plus tard, en 1891,
cette population s'élevait à 18,368 âmes. Elle se répar-
tissait comme suit dans les paroisses :
St-Cajetan d'Armagh 1,549 âmes
St-Etienne de Beaumont 811
Notre-Dame Auxiliatrice de Buckland , 1,199
St-Charles 2,076
St-Damien 820
St-Jervais 2,072
Sc-Lazare 1.322
St-Magloire 1,065
St-Michel 1,838
St-Néré 1,181
St-Philémon 707
St-Raphaël 2,406
St-Valier 1,322
Le nombre d'acres de terres occupés était à la même
époque, en 1891, de 287,440, pendant que l'étendue des
terres améliorées s'élevait à 158,860 acres.
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De plus, la valeur de la propriété foncière atteignait le
chiffre respectable de $2,830,060.
Dans le tableau de dénombrement que nous venons
d'esquisser, se trouvent des paroisses dont la formation
remonte à une date déjà très reculée. Mentionnons en
particulier, St-Etienne de Beaumont, St-Miche], St-Charles,
St-Valier, St-G-ervais, etc.
St-Etienne de Beaumont. — Ce village doit son nom
au premier titulaire de la seigneurie de Beaumont, le
sieur des Islets de Beaumont, auquel elle fut concédée le 3
novembre 1672, par l'intendant Talon. En 1718, cette
seigneurie fut divisée en deux concessions, et l'une
d'elles fut donnée par le marquis de Vaudreuil à sieur de
Beaumont, fils.
Beaumont vit arriver ses premiers colons au milieu du
XVIIe siècle. Le recensement de 1681 porte en effet qu'il
y avait déjà à cette époque 53 personnes, 13 maisons et 191
arpents eu cuit are.
St-Etienne de Beaumont, situé sur le bord du fleuve,
est dans le voisinage immédiat de St- Joseph de Lé vis, et
ses hautes falaises font face à l'île d'Orléans.
St-Michel. — La paroisse voisine de Beaumont, Saint-
Michel, est un des plus coquets villages des environs de
Québec.
Sa fondation remonte aux premiers temps de la colonie.
Déjn, avant la cession, les sept neuvièmes des terres étaient
concédées
Ce village, qui n'est qu'à trois lieues de Québec, est fort
fréquenté, durant la belle saison, par les familles de la
ville. Un bateau, partant de Québec, s'y rend tous les
jours. Le quai public qui constitue à lui seul un joli
endroit de promenade a une longueur de 1090 pieds, et
une largeur de '6Q pieds.
À part sa magnifique église paroissiale, St-Michel pos-
sède un temple des plus gracieux élevé à Notre Dame de
Lourdes et qui attire chaque année de nombreux pèlerins
— 20 —
St-Valier. — Le chemin de fer Intercolonial traverse
cette paroisse à deux milles du fleuve.
Ce beau village a une histoire déjà ancienne. C'est en
effet en 1713 qu'y fut construite la première chapelle ; elle
servit même pendant quelques années pour tous les habi-
tants établis entre Beaumont et Berthier. Le 3 mai 1722,
il fut érigé en paroisse sous le patronage de Saint-Philippe
et de Saint-Jacques.
PI St-Valier constituait autrefois une seigneurie qui était
bornée au nord-est par Berthier, au sud-ouest par St- Michel
et en arrière par le canton Armagh. Elle avait une lieue et
quart de largeur sur quatre 1 eues de profondeur.
Saint-Raphael. — Pour atteindre cette paroisse dont
l'érection remonte à 1855, il faut descendre ;\ St-Valier.
La route qui reste à faire de ce dernier endroit n'est que
d'une lieue et demie.
, Saint-Raphaël possède pour son compte quatre belles
fromageries qui sont d'excellent rapport.
St-Charles. — A cinq lieues de Québec, est relié à notre
ville par le chemin de fer Intercolonial. C'est dans cette
paroisse que descendent d'ordinaire les voyageurs ou
colons qui veulent pénétrer dans l'intérieur, gagner les
belles et florissantes paroisses de St GJ-ervais, de St- Lazare,
ou encore atteindre, par le grand chemin Mailloux qui est
l'une des meilleures routes de colonisation du pays, les
colonies nouvelles qui ont surgi depuis cinq, dix et quinze
ans dans les cantons de Buckiand, de Mailloux et de Roux.
Satnt-G-ervais. —Deux petites lieuis séparent ce vil-
lage de celui de Saint-Charles. C'est une des paroisses
les plus avancées de la région. La plupart des fermes
sont tenues sur un excellent pied et l'industrie laitière
y est en plein progrès. Ses quatre^ beurreries lui ont
rapporté, l'an dernier, près de $40,000. C'est un résultat
dont les habitants de ce village ont raison d'être fiers.
M)
W
— 21 —
La belle église de Saint-G-ervais est éclairée, depuis
plus d'un an, au gaz acétylène et les grands magasins de
l'endroit n'attendent plus qu'un 3 baisse dans le prix du
carbure de calcium pour recourir au même mode d'éclai-
rage. De plus, le téléphone relie le village à toutes les
paroisses voisines et l'on s'attend bientôt à entrer en com-
munication avec Québec.
Saint-Lazare. — C'est la paroisse voisine de St-G-er-
vais, dont elle n'est éloignée que de six milles. Le même
esprit de progrès s'y fait remarquer.
Ce village compte cinq rangs renfermant de bonnes
terres toutes occupées et bien améliorées. Ajoutons
qu'une beurrerie et une fromagerie y fonctionnent depuis
plusieurs années.
Sur le quatrième rang, les collines commencent à s'ac-
centuer, mais en même temps quel splendide panorama
s'offre à la vue du voyageur! De ces hauteurs, l'œil em-
brasse le beau village de Saint-Henri, et perçoit, après le
coucher du soleil, les reflets de la lumière électrique qui
illumine la cité de Québec.
UNE HEUREUSE T3 A\SFDRMATI N-3EUR ERIES
ET FROMAGERIES
Le comté de Bellechasse a vite réalisé les bénéfices
qu'il pouvait tirer de l'industrie laitière. Nous dirons
plus: non seulement il n'a pas été lent à suivre, à cet
égard, le mouvement qui s'était affirmé dans plusieurs
autres di-tricts ruraux, mais il est en train de le dépasser,
par 1'imporrance de sa production et de sa fabrication,
une foule d'outrés comtés qui avaient tenu la tête jus-
que-là.
A l'heure actuelle, Bellechasse renferme dix-sept beur-
reries qui ont produit, durant la saison de 1899, 732,420
livres de beurre, et neuf fromageries qui ont donné 465 296
livres de fromage.
— 22 —
Cette double production a rapporté au comté la somme
de $193.013.
Dans toute la province de Québec, il n'y a en réalité
que cinq districts ruraux où la fabrication du beurre et du
fromage ont été plus considérables : ce sont les comtés de
Dorchester, de Joliette, de l' Assomption, de Fortneuf, de
Eimouski et de Terrebonne, et encore la différence dans le
montant de la production n'est-elle pas très sensible?
Nous n'avons guère besoin d'appuyer sur l'heureuse
influence d'une industrie qui se développe dans de pareilles
proportions. On ne jette pas en effet, en un an, $200,000
dans une douzaine de paroisses, sans que celles-ci en res-
sentent de salutaires effets. Le fait est, qu'à huit ans
d'intervalle, nous avons constaté, dans une récente visite
de tous les villages de Bellechasse, une transformation
complète. Et cette transformation s'est opérée non seule-
ment dans les paroisses qui ont l'immense avantage d'être
installées sur la route des chemins de fer, mais même et
surtout dans les colonies de fondation récente, éloignées
de dix, quinze et vingt lieues des voies ferrées. Nous le
disons et nous le répétons en toute connaissance de cause,
un touriste qui aurait passé, il y a sept ou huit ans, à St-
Damien, à Notre-Dame Auxiliatrice de Buckland, à St-
Philémon, à St-Magloire, s'y reconnaîtrait à peine aujour-
d'hui. Ces petits villages qui semblaient perdus dans les
montagnes et condamnés à une sorte de stagnation per-
manente par suite de leur isolement, ont grandi et pros-
péré à ce point qu'on pourrait les prendre pour des
.paroisses accusant déjà une existence d'un demi siècle.
Les terres sont cultivées avec plus de soin, les maisons
d'habitation plus coquettement bâties et toutes blanchies
à la chaux, les troupeaux devenus plus nombreux, bref,
l'aisance devenue générale, et par dessus tout le fléau de
l'émigration à peu près enrayé.
— 23 —
PREMIERS ESSAIS DE COLONISATION-LA QUALITE DU
SOL-PERSPECTIVES D AVENIR
Le grand apôtre de la colonisation dans ce comté, celui
qui en dirigea le mouvement avec l'ardeur et l'énergie
qu'il savait apporter en toutes choses, fut monsieur l'abbé
Alexis Mailloux. On a honoré sa mémoire en donnant
son nom à l'un des cantons les plus importants du comté
ainsi qu'à la plus grande route de colonisation qui tra-
verse les cantons Maiiloux, Roux, Bellechasse et Daa-
quam, p^ur aboutir à la ligne provinciale.
Le travail de propagande de monsieur Mailloux porta
à la fois sur les cantons de Buckland et de Mailloux qui
n'étaient alors qu'une épaisse foret.
Ce n'était pas une mince tâche que celle qu'entrepre-
nait ici l'intrépide apôtre de la colonisation du comté de
Bellechasse.
Dans ces deux cantons, et notamment dans celui de
Buckland, la terre disparaissait presque partout sous un
prodigieux amoncellement de roches et de cailloux. Ceux-
ci et celles-là étaient légion et il en allait ainsi jusqu'à
Saint- Philémon. La somme de travail que durent s'impo-
ser les premiers pionniers qui tentèrent un établissement
dans ce canton dut être énorme. Ils avaient à lutter non
seulement contre la forêt — qui était déjà par elle-même
un ennemi assez puissant — mais encore contre le sol
qui refusait de découvrir ses trésors qu'à la condi-
tion qu'on le débarrassât préalablement de l'épaisse
couche de cailloux qui le couvrait. Et pourtant, ce tra-
vail de déblaiement, tout pénible qu'il fût, s'ellectua.
Sous l'impulsion de monsieur Mailloux qui avait à cœur
d'assurer le succès de sou œuvre, il se rencontra de hardis
et vaillants colons qui s'employèrent à cette tâche hercu-
léenne, et le fruit de tant d'efforts courageux et persistants
fut la création de quelques petites et humbles colonies qui
s'installèrent et se fixèrent des deux côtés de la grande
route de colonisation que le gouvernement de Québec
Aenait de faire ouvrir.
- 24 —
Depuis cette date, c'est-à-dire depuis plus de cinquante
ans, le mouvement colonisateur dans les montagnes de
Bellechasse n'a point subi d'arrêt. Chaque année, les
anciennes paroisses du comté, comme Saint-G-ervais, St-
Raphael, Saint-Lazare, ont versé un contingent notablet
de colons dans les centres en voie de formatio <$> . On peu
même dire avec assez de certitude que ce sont les fTs des
cultivateurs des vieilles paroisses que nous venons de
nommer qui ont été pn quelque sorte les pionniers de ces
beaux et florissants villages qui s'appellent aujourd'hui
Saint-Damien, Saint-Philémon, Saint-Magloire. Honneur
donc à eux, honneur surtout au courage qu'ils ont su
déployer aux débuts toujours si rudes d'une entreprise de
ce genre ! Ces Vaillants ne se sont pas laissés arrêter par
les difficultés de la tâche ; ils n'ont pas même hésité
devant la grandeur du sacrifice, ni devant l'énorme travail
qui leur incombait. On les a vus entamer bravement la
forêt, se tailler, d'année en année, à force de travail et
d'énergie un petit domaine, y appeler leurs familles, et
constituer finalement de magnifiques colonies en plein
progrès Que leur noble et courageux exemple serve à
d'autres !
LES GANTONS ET LES NOUVELLES COLONIES
UN ORPHELINAT AGRICOLE DANS LES MONTAGNES DE
BELLECHASSE.
Les cantons inféodés au comté de Bellechasse sont au
nombre d*1 six et forment un ensemble de 102,000 arpents.
Une grande route de colonisation — le chemin Mailloux —
les relie les uns aux autres.
Les terrains se vendent au prix de trente cents l'acre,
et comme partout ailleurs, sur les terres publiques, le
colon n'est tenu de payer, en achetant un lot, qu'un pre-
mier versement.
Dans tous ces cantons — nous sommes heureux de le noter
—le mouvement colonisateur a fait des progrès raar.
quants. On pourra en juger, du reste, par les monogra-
S ■%Sgjiffi^
— 25 —
phies que nous donnerons des villages, que nous allons
rencontrer dans uue région qui n'était jadis qu'une im-
mense solitude.
Canton Buckland — L'œuvre du déboisement de la
forêt dans Buckland remonte à une époque déjà lointaine,
à l'année 1847, et s'est continuée si bien depuis, que la
Couronne ne dispose plus que de cinq à six cents arpents
de terre dars ce canton.
Buckland a vu surgir deux paroisses qui prennent cha-
que jour une importance plus considérable et dont nous
allons nous occuper : Saiut-Damien et Notre-Dame Auxi-
liatrice.
SAINT DAM I EN DE BUCKLAND.
Ce village a une histoire qui ne ressemble à nulle autre.
Tout y est prodigieux : ses débuts, son développement
presque spontané et surtout ses institutions.
Perché en pleine montagne, à trois lieues de Saint-La-
zare, et à trente milles du chemin de fer, Saint-Damien
de Buckland n'était encore, il y a dix-huit ans, qu'une
pauvre mission renfermant à peu près quatre-vingts fa-
milles.
Il y avait cependant des colons rendus là depuis trente
à quarante ans, presqu'à la date de l'ouverture de la grande
route Mailloux. C'étaient les premiers. Ils s'appelaient
Jean G-agné, Ignace Labbé, André Groupil, Ferdinand Eoy
Joseph et André Leroux. Ils eurent le courage de persé-
vérer, mais que de longues années devaient s'écouler
avant que leur groupe se grossit de nouvelles recrues. Ces
retards ou ces lenteurs s'expliquent. La terre dans la
région était énormément pierreuse, le travail de déblaie-
ment long et pénible, les centres éloignés, les débouchés
rares. C'en était plus qu'il fallait pour vaincre ou amor-
tir les plus robustes volontés.
— 26 —
La venue d'un prêtre en 1882, avec mission de résider
au milieu de ce premier essaim de colons, fut saluée
comme un heureux événement.
Monsieur l'abbé D. 0. Brousseau,car c'était lui qui venait
d'avoir charge de la nouvelle cure de Saint-Damien, réalisa
du premier coup d'œil l'énormité de la tâche qui lui était
dévolue. La paroisse qu'il devait organiser était pauvre,
elle semblait même n'offrir aucune ressource, et de plus
le peu de culture qu'il y avait se faisait d'après des mé-
thodes surannées. Le curé se met sans retard à l'œuvre.
Il rumine des projets, il donne en plein air, trois fois la
semaine, des conférences à son troupeau qu'il rassemble
aux portes de sa pauvre chapelle, lui révèle les nouveaux
procédés de culture, donne l'exemple en même temps que
le précepte, en améliorant lui-même les terres de la fa-
brique, bâtit une église, organise une beunvrie, fonde un
aqueduc qui va porter l'eau jusque dans les plus humbles
chaumières, introduit la culture des arbres fruitiers qui
était jusque là absolument inconnue dans cette ébauche
de village, favorise h construction de moulins à scie, met
le village en communication téléphonique avec les centres
les plus reculés du comté. Bref, cet apôtre des montagnes
fait tant et si bien qu'en peu d'années, l'humble village
de jadis change totalement de physionomie.
On se met à bâtir de droite et de gauche, des familles
arrivent de partout, la paroisse s'enrichit chaque année
de nouvelles habitations, les fermes sont mieux tenues et
donnent un meilleur rendement ; un ouvrier habile, et
qui, disons-le, a largement contribué, lui aussi, à l'expan-
sion du Jvillage, M. Elzéar Métivier, élève de ses propres
mains, un castel avec vérandas et clochetons, tel que l'on
en voit dans les petites cités les plus huppées ; le même
ouvrier érige presque en même temps une scierie d'une
capacité de 30,000 à 40,000 billots, puis les cultivateurs
pris d'émulation, augmentent d'année en année l'effectif
de leurs troupeaux et deviennent les clients enthousiastes
— 27 —
de la beurrerie qui vient d'être créée et qui leur rapporte
déjà un joli denier. On arrive enfin à 1899, avec un vil-
lage transformé du tout au tout et pouvant déjà rivaliser
avec les vieilles paroisses. La gêne d'autrefois a disparu ;
l'aisance, grâce à l'industrie laitière et au commerce de
bois que l'on y fait, est devenue presque générale, et puis,
la population, de quatre-vingt-quatre familles dont elle se
composait dans le principe lorsque M. Brousseau prit
possession de la paroisse, se montait au mois de décembre
1899, à 1,0H9 personnes.
Arrivons maintenant à l'œuvre capitale de Saint-Da-
mien, à ce monument qui étonne en même temps qu'il
édifie le voyageur qui s'aventure à travers les montagnes
de Bellechasse.
*
On s'extasie volontiers dans notre siècle devant les con-
quêtes faites chaque jour par l'industrie et l'électricité.
Mais voici une œuvre qui commande bien autrement
notre admiration et notre respect. C'est la charité qui l'a
fait germer et éclore ; elle n'en est que plus belle et plus
grande.
Conçue il y a dix ans, et exécutée dans le plus profond
silence par un jeune prêtre dont le dévouement n'avait
d'égal que son humilité, cette œuvre s'est traduite par la
création simultanée d'un orphelinat agricole, d'un mo-
nastère et d'un hospice oour les vieillards et les infirmes.
Et qu'on n'aille pas croire qu'il s'agisse d'une construc-
tion ordinaire, sans élégance ou encore aux dimensions
modestes.
Le bâtiment de l'orphelinat que nous avons eu le plaisir
de visiter à plusieurs reprises, mesure 335 pieds de lon-
gueur, compte trois étages, se présente avec une archi-
tecture irréprochable et. renferme un persounel de cent
trente orphelins que le fondateur de l'institution a vêtu
et nourri depuis huit ans.
— 28 —
La première pensée qui envahit le voyageur en con-
templant cet édifice à proportions grandioses, élevé à
quelques pas de la forêt, est celle-ci : " Comment, dans un
pareil milieu, relativement pauvre, a-t-on pu trouver les
ressources nécessaires pour ériger une institution dont le
coût dépasse aujourd'hui $60,000 ? On vous répond, et
cette réponse est la seule plausible : c'est un miracle de
la Providence, et ce miracle se renouvelle tous les jours,
car l'Orphelinat se maintient et s'agrandit sans que l'on
paraisse éprouver le moindre embarras à trouver les
moyens indispensables pour assurer son existence.
C'est en s'adressant à la charité publique que M. le
curé Broussi au est parvenu à réaliser son projet, et la
charité publique, consciente de la grandeur et de l'impor-
tance de l'œuvre, n'a jamais été sourde à sa voix.
Passons maintenant au but poursuivi par l'institution
qui vient d'être créée.
Celle-ci comprend le petit et le «rrand orphelinat.
" Le petit orphelinat" est sous la direction d<-s sœurs
du Perpétuel Secours, institut que M. Brousse -ui a créé
lui-même pour les fins de son œuvre.
Il comprend les petits garçons et les petites filles.
Les bonnes sœnrs s'occupent d'abord, sous la direction
du chapelain qui est M. Brousseau. de l'instruction reli-
gieuse et intellectuelle de ces enfants. Lesjeunes garçons
travaillent ensuite à différentes heures de la journée aux
travaux des champs. On leur donne des leçons d'agricul-
ture, d'horticulture et d'arboriculture théoriques et pra-
tiques, suivant leur âge.
Les filles reçoivent des leçons d'économie domestique,
apprennent à faire la cuisine, filer, tricoter, tisser, les
travaux aux jardins potagers, même à cultiver les fleurs,
comme récréation. Elles apprennent en outre à tenir une
laiterie, faire le beurre et toutes les choses indispensables
pour faire une bonne ménagère.
— 29 —
Quant au grand orphelinat que M. le curé Brousseau
se propose de construire incessamment, voici son utilité.
Jusqu'à ces dernières années, le petit orphelinat renvoyait
les garçons à Vàge de 14 et 15 ans. On les plaçait chez
des parents, dans des familles qui, généralement, se mon-
traient assez peu intéressées à l'avenir de ces enfants.
Arrivés en effet à un certain âge, ces enfants quittaient ces
familles et allaient se fixer, dans les villages du Canada,
ou aux Etats-Unis et finissaient même par devenirld'assez
mauvais sujets.
'.'est pour remédier à cet état de choses que M. le curé
Brousseau, toujours sur la brèche, a résolu de créer le
grand orphelinat d'agriculture et de colonisation, qui
complétera le petit orphelinat. Ces jeunes garçons passe-
ront à l'âge de douze à treize ans sous la direction d'une
communauté spéciale de religieux en voie de formation
dont le but sera de les diriger, de continuer leur instruc-
tion dans l'agriculture et de les grouper ensuite dans un
centre de colonisation.
Pour réaliser ce projet, M. l'abbé Brousseau, a acheté,
il y a un an, 700 acres de terre en bois debout, a quatorze
arpents de St-Damien, dans un fort joli site qui donne sur
un lac appelé le lac Vert.
Les jeunes orphelins y ont déjà défriché trente-cinq acres.
L'une de nos gravures représente ce premier défriche-
ment effectué sur l'île du Lac Yert.
On me pardonnera facilement, j'en suis sûr, d'avoir
appuyé quelque peu sur l'importance de cette création,
belle entre toutes, et si pleine de promesses pour l'avenir
de notre jeunesse des campagnes. Dans un temps où nos
hommes publics s'ingénient à chercher les moyens les plus
expéditifs de faire coloniser les terres de la Couronne. —
il m'a paru bon et utile de citer l'exemple de ce pauvre
mais intrépide missionnaire, faisant surgir, sur la cîme
de nos montagnes et presqu'en pleine forêt, une institu-
tion appelée en quelque sorte à réaliser une partie du
— 30 —
programme patriotique poursuivi par tous les gouverne-
ments.
Inutile d'ajouter que cette œuvre a conquis, depuis
qu'elle est connue, les sympathies du gouvernement de
Québec, et que l'honorable M. Turgeon, commissaire de
la Colonisation et des Mines, est lui-même l'un de ses plus
ardents admirateurs. L'an dernier, l'honorable M. Tur-
geon a fait contribuer généreusement le Commissariat de
la Colonisation au soutien de l'œuvre de St-Damien et
et nous serions bien étonné si le même ministre dont la
haute intelligence sait apprécier la grandeur et la noblesse
d'une pareille œuvre, ne lui continuait point ses largesses.
J'ai dit ailleurs que l'Orphelinat agricole se combinait
d'un hospice pour les infirmes et les vieillards du comté
de Bellechasse. Je dois ajouter que cet hospice se soutient
comme l'Orphelinat, par la charité publique.
Enfin, pour terminer, St-Damien est devenu depuis quel-
ques années, un lieu de pèlerinage Son digne curé a fait
élever, attenant à l'Orphelinat, une fort jolie chapelle en
l'honneur de Ste-Anne des Montagnes, et ce sanctuaire
est fréquenté chaque année, par dix ou douze mille
pèlerins.
NOTRE DA E DE BUCKLAND
C'est le village voisin de St-Damien dont il n'est distant
que de deux lieues et demie. Il renferme une population
de plus de douze cents âmes et la propriété foncière y était
estimée,' il y a moins de deux *ns', à $150,000.
Ce n'est pas précisément une paroisse nouvelle que
Notre-Dame Auxiliatrice de Buckland, mais elle a subi de
si notables changements depuis sept à huit ans que le
fait vaut la peine d'être mentionné.
A l'instar de St-Damien, dont le sol est à peu près le
même, c'est-à-dire absolument rocheux, Notre-Dame Auxi-
liatrice de Buckland a végété de longues années. C'était
naguère encore un village à l'apparence chélive et où
SAINT-DAMIENV Intérieur du village. Maison de
Elz, JNJétivier, entrepreneur, etc.
SAINT-D A MIEN.— Enfants de l'orphelinat agricole
occupés, sous la direction de M. le curé Brousseau, à
faire des défrichements à l'île du lac Vert.
- 31 —
faute de débouchés et d'industrie, la gêne avait éiu domi-
cile Tout cela est maintenant du domaine du passé.
L'industrie laitière, en pénétrant dans les montagnes de
Bellechasse, où les pâturages sont excellents, a révolu-
tionné ce village comme tous ceux qui l'avoisinaient. Le
village est presque rebâti à neuf, ,<es maisons sont plus
proprettes, les cultivateurs paraissent plus heureux.
Notre-Dame Auxiliatrice alimente actuellement quatre
beurreries qui fonctionnent à merveille et qui forment une
bonne source de rêve: u us pour ses patrons.
SAINT NAZAIRi£
Dans le quatrième rang de Buckland et un peu en
arrière de St-Malachie, l'on rencontre une nouvelle
misson qui a été désignée sous le vocable de St-Nazaire.
Cette mission, dotée récemment d'une chapelle, est des-
servie par un jeune prêtre, M. l'abbé Dubé.
Canton Mailloux. — C'est le canton voisin de Buck-
land et c'est encore la belle et grande route de Mailloux
qui lui donne accès.
Le gouvernement dispose dans ce canton de 14,000
arpents de terres.
Le sol ici, comme dans Buckland, ne laisse pas que d'être
fort rocheux. Mais il parait que ce n'est plus là une
objection pour les colons au cœur vaillant ; au reste,
l'expérience a prouvé qu'on finissait toujours par triom-
pher de cet obstacle naturel.
Les meilleurs lots à prendre se trouvent dans les rangs
Nord-Est et Sud-Ouest de la rivière du Pin et dans la
partie Est des rangs un et deux.
Le sol, dans ces rangs, se compose de terre grise, de
terre noire et de terre jaune : il est favorable à la culture,
quoiqu'un peu rocheux. On y trouve de l'érable, du me-
risier, du bouleau, de l'épinette, du cèdre et du sapin.
— 32 —
Un explorateur qui a passé là en 1893, a noté que la belle
épinette et le beau cèdre avaient été enlevés.
SAINT.PHILEMON
C'est une paroisse formée à même le canton précédent.
Elle compte sept rangs à l'est de la grande ligne et pos-
sède un curé résident depuis bientôt quatorze ans : M.
l'abbé Clément Levêque.
M. Levêque porte un vif intérêt au développement de
sa paroisse. Celle-ci lui doit en grande partie l'organisa-
tion d'une excellente beurrerie qui a rapporté l'an der-
nier $6,000. Elle lui doit encore un service téléphonique
qui la met en communication avec les paroisses de Saint-
Yalier, de St-Raphaèl et St-Cajetan d'Armagh
La population de St Pnilémon était au 1er janvier 1900
de 903 âmes.
Le village possède depuis un ans médecin résident.
L'argent des terres, M. L. F. Turgeon, y a aussi son do-
micile.
L'ancienne église étant devenue trop exiguë, l'on s'oc-
cupe en ce moment à en rebâtir une nouvelle qui sera
plus spacieuse et plus élégante.
D'après M. le curé Levêque, qui est un homme d'initia-
tive, une seule chose manque au bonheur de la jjaroisse
de St-Philémon et de la région avoisinante : c'est une
Voie ferrée qui rapprocherait sensiblement toute cette
contrée de Québec et faciliterait la vente des produits
agricoles. Actuellement, les habitants des cantons Mail-
loux et Roux ont vingt, trente et quarante milles à faire
pour atteindre la première station de chemin de fer. M.
Levêque a sur le métier tout un plan à cet. éga*d. Le
chemin de fer qu'il projette et dont il a saisi les pouvoirs
publics, partirait de Saint-Anselme, dans le comté de
Dorchester, et aboutirait à Edmonton, dans le Nouveau-
Brunswick, traversant les paroisses de St-Anselme, de Ste-
Claire, de St-Damien, de Notre-Dame de Buckland, de St-
y,
o
Ph
H
<
— 33 —
Philémon, de St-Paul de Montminy, de Ste- Apolline, de St-
Marcel, de St-Damase, de Ste-Perpétue et de St-Eleuthère.
Cette voie ferrée longerait, paraitralt-il, de belles terres
propres à la colonisation, en même temps qu'elle engage-
rait un grand nombre de colons nouveaux à venir s'éta-
blir dans cette région.
Canton Eoux.— Il faut traverser les cantons Buckland
et Mailloux pour atteindre le canton Eoux.
Ce canton est assez montagneux, mais les terres y sont
de bonne qualité, sauf dans le rang sud-ouest qui laisse
quelque peu à désirer.
On compte ici plusieurs sites de moulins et quelques
lacs assez poissonneux.
Le principal bois du canton est l'épinette, mais il y a
aussi du bouleau, du merisier et de l'érable.
Il reste près de trois cents lots à vendre.
St Magloire
Il faut défiler à travers une série de côtes assez escarpées
avant d'atteindre cette paroisse formée à même le canton
Roux et de partie des cantons de Bellechasse, de Daaquam,
de Rolette et de Panet.
St-Magloire se trouve située sur le versant sud des
Alleghanys qui la séparent de la paroisse de St-Philémon,
à quatre lieues de distance. La rivière St-Jean qui, dans
cette partie du pays constitue la frontière entre le Canada
et les Etats-Unis, borne St-Magloire au sud.
Les commencements de ce village datent de 1860, alors
que le révérend M. Beaubien y conduisit un groupe de
colons dans le but d'y visiter les terres.
L'impression fut favorable, car dès l'année suivante,
toute une petite colonie vint s'y fixer. Les premiers
pionniers furent MM. Alexis Couture, Hilaire Bnsson,
Louis et Jean Laçasse, Normand Boulanger, François
Boulanger.
3
— 34 —
Mgr. Baillarpeon, ancien archevêque de Québec, plaça
cette immense étendue de pays sous le patronage de St*
Magloire en l'honneur de son premier desservant, M,
Magloire liioux.
En 186*7, fut construite la première chapelle. On y
célébra la messe pour la première fois le 28 mars
1867. Il y avait alors dans St-Magloire 131 âmes. En
1876, l'église fut construite, mais étant devenue trop
exiguë, on lui a fait subir en 1899 des réparations qui en
ont fait une des plus belles églises du comté.
Cette colonie a piospéré rapidement. En 1891, l'on y
comptait déjà 26,000 arpents sous culture et près de 7,000
arpents améliorés. Il y avait en outre 3,000 acres en
pâturages.
St-Magloire et toute la région qui l'avoisine est fort
giboyeuse. Le chevreuil, le caribou et la perdrix foison-
nent. Let* troupeaux de chevreuils sont même si considé-
rables qu'ils constituent une nuisance et que bon nombre
de cultivateurs se plaignent des dommages causés à leurs
récoltes par ces animaux.
On a monté depuis deux ans une beurrerie qui fait un
grand bien à la localité. Elle a donné l'an dernier plus
de $9,000.
Les pâturages de Saint-Magloire et de toutes les collines
qui Tavoisinent sont excellents. Aussi les cultivateurs
stimulés par leur digne curé, M. l'abbé Mercier, cherchent-
ils à augmenter chaque année leurs troupeaux de vaches.
On s accorde à reconnaître que l'industrie laitière est une
ressource merveilleuse pour ces colons éloignés.
Les familles des colons sont ici très nombreuses et
peut-être plus nombreuses que dans n'importe quelle autre
partie de Bellechasse. On y comptait au mois de juin
1900, onze familles qui avaient plus de douze enfants
vivants. Une d'elles en comptait même dix-neuf.
Le village se développe assez rapidement. La popu-
lation qui, au recensement de 1891, accusait un total de
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— 35 —
1,000 personnes, est montée, d'après un récent dénombre-
ment fait par M. le curé Mercier, à 1,300 âmes.
Cantons Bellechasse et Daaquam. —Dans les 4èmer
5ôme, 6ème et 7ème rangs de Bellechasse, le sol est uni,
beaucoup moins rocheux que dans les cantons de Buck-
land et de Mailloux et la terre est bonne.
Du reste, le courant colonisateur semble se porter, de ce
côté, depuis quatre ou cinq ans.
La forêt est très belle dans le canton Bellechasse. On y
rencontre du beau merisier et de l'érable. Il y a aussi
de l'épiuette en assez grande quantité,
Le gouvernement dispose encore de seize mille arpents
dans ce canton.
Une autre belle étendue de terre qui ne manquera point
d'attirer avant peu les colons, se rencontre dans la vallée
de la rivière Daaquam, située entre la rivière de ce nom
et la rivière St-Jean.
Ici, plus de roches, mais un terrain des plus unis et de
première qualité On se portera nécessairement avant peu
de ce côté, du moment que les communications seront
devenues plus faciles.
La Vallée de Daaquam — au dire de ceux qui l'ont
parcouru — est l'une des plus magnifiquement boisées que
l'on puisse trouver. C'est toute une épaisse forêt de beaux
et grands arbres: épinette, bouleau, merisier, érable et
hêtre en abondance. Cette forêt est fréquentée par l'ori-
gnal et le caribou. Près de la rivière St-Jean, les MM.
Kilburn font depuis plusieurs années des chantiers consi-
dérables.
ST-CAMILLE
Une région aussi favorisée que celle-là ne pouvait man-
quer d'attirer des défricheurs. Ou s'y est même porté avec
tant d'entrain depuis trois ou quatre ans qu'une nouvelle
mission sous le vocable de St-Camilie a dû êt~e créée et.
qu'une chapelle va être érigée incessamment.
— 36 —
St-Camille comprend dans ses limites les trois derniers
rangs dn canton de Bellechasse et le premier rang de
Daaquam. La nouvelle mission qui comprend déjà une
population de quatre cents âmes, est desservie par M. le
curé de St-Magloire.
St-Camille n'est qu'à huit milles de St-Magloire, et il y
a maintenant de bons chemins pour y arriver.
Canton Armagh. — Ce canton est colonisé sur une
grande étendue. Ce qui reste n'est guère propre à faire
de bons établissements agricoles. Des explorateurs ont
même relevé trois concessions où la terre était très rocheuse
et de qualité absolument inférieure : ce sont les rangs
trois, quatre et cinq Sud-Ouest. Par contre, ils sont bien
boisés en épinette.
ST CAJETAN D'ARMACH
Cette paroisse, forte aujourd'hui de 1,000 âmes, prend
toute la partie colonisable du canton Armagh.
Comme les pâturages y sont excellents, l'industrie
laitière a vite pris racine dans ce village. On y compte
trois fromageries qui ont rapporté, dans le cours de l'été
de 1899, près de $18.000.
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COMTE DE MONTMAGNY
LES SEIGNEURIES ET PRINCIPALES PAROISSES -APERÇU
GENERAL
Montmagny, comme au reste, la plupart des comtés
situés sur le bord du fleuve St-Laurent, a vu arriver ses
premiers colons sous le régime de la domination française
et peu après la fondation des premiers établissements à
Québec.
Une bonne partie de son territoire avait été même, dès
cette époque, partagée en seigneuries et en fiVfs.
C'était d'abord la seigneurie de la rivière du Sud, mesurant
une lieue et demie de profondeur et bornée en front parle
fleuve St-Laurent. Elle avait été concédée le 5 mai 1646
au chevalier Chs. Huaut de Montmagny, et devint en
172 '^ la propriété de Jean-Baptiste Couillard, del'Espinay.
Cette Seigneurie comprend aujourd'hui dans ses limites,
la ville de Montmagny constituée en corporation depuis 1833,
forte d'une population de 1800 à 2000 âmes, puis la pa-
roisse» de S t -Thomas qui compte 2,900 habitants, et la pa-
roisse de Si-Pierre dont la population est estimée à 1.400
habitants
Les modestes commencements du village de St-Thomas
ont été racontés autrefois par un ptibliciste bien connu,
M. Eugène Renault. Ce n'était en 1679 qu'une petite
bourgade composée tout au plus d'une dizaine de familles
groupées dans les environs immédiats de l'embouchure de
la Rivière à Caille, autour d'une modeste chapelle en bois
L'établissement porta tout d'abord le nom de Pointe à La
caille, puis, plus tard, lorsque la paroisse fut érigée civi
lement et canoniquement, le nom de St-Thomas de la
Pointe à Lacaille. Aujourd'hui, la paroisse est désigné
sous le nom de Saint Thomas de Montmagny.
— 38 —
Plusieurs cours d'eau assez importants sillonnent cette
ancienne Seigneurie de la rivière du Sud. Notons tout
d'abord la r.vière du Sud qui traverse l'intéressante ville
de Montmagny et qui avant de se jeter définitivement
dans 1 fleuve, forme un large bassin qui, à haute marée,
constitue un bon havre de refuge pour les petits vaisseaux
La rivière du Sud forme aussi à l'extrémité de la ville,
une belle chute de 30 à 40 pieds de hauteur que l'on
utilise pour l'éclairage électrique de la ville. Il y a aussi
le Bras de St-Nicholas et la Rivière à Lacaille.
Montmagny est devenu depuis un assez grand d'an-
nées, une ville des plus intéressantes. On y remarque une
superbe église, un hôtel de ville, un palais de justice, un
grand bureau de poste, une bonne école commerciale, un
couvent, un hospice pour les vieillards et les infirmes, les
vastes moulins des Messieurs Price, une importante fon-
derie dirigée par un industriel entreprenant, M. A niable
Bélanger, de grands magasins, un moulin à f (rine, et de
fort jolies villas. La gare du chemin de fer Intercolonial,
qui est fort animée surtout durant l'été, n'est qu'à quel-
ques arpents de la ville, et à onze lieues de Québec.
La valeur de la propriété foncière de la ville était
estimée en 1899 à $300,000.
L'is/e aux Grues et 1' Isle aux Oies qui font presque face
à la ville de Montmagny et à la paroisse de l'Islet étalent
aussi originairement des annexes de la Seigneurie de la
rivière du Sud, ayant été concédées en même temps. L'isle
aux Oies est la propriété des dames religieuses de l'Hôtel
Dieu de Québec.
L'Ile aux Grues figure dans le recensement de 1688.
Elle contenait déjà à cette époque reculée une population
de 99 personnes et 171 arpents en culture.
A l'heure actuelle, la population est de 586 âmes avec
2,552 acres de terre sous culture, et 2415 acres en pâturage.
— 39 —
Le Cap Saint-Ignace belle paroisse de 3,539 âmes»
avait été aussi érigé autrefois eu fief. Il était borué au
nord-est par la Seigneurie de Yincelot, au nord-ouest, parle
fief Gragné, en arrière par la Seigneurie de Ste-Claire et en
front par le fleuve St-Laurent. Ce village, où se recon-
trent de magnifiques fermes, n'est qu'à sept milles de la
ville de Montmagny et est relié par le chemin de fer In-
tercolonial. On y compte trois beurreries qui font d'ex-
cellentes affaires.
La Seigneurie Vincelot, fut partagée en deux con-
cessions. La première qui comprenait une lieue carrée,
fut octroyée en 1672 par l'intendant Talon à Dame veuve
Àmyot. Elle était bornée au nord-est par le fief Bon-
secours, dans le comté de l'Islet, au sud-ouest par le Cap
St-Ignace et la seigneurie de Ste-Claire, en front par le
le fleuve et en arrière par les nouveaux cantons»
La deuxième concession de cette seigneurie, compre-
nant "l'augmentation", fut faite le, 1er, février 1693 par
Frontenac au sieur de Vincelot. Elle mesurait une lieue
de front sur deux lieues de profondeur.
La Seigneurie de Ste-Clajre, d'une lieue de largeur
sur deux lieues de profondeur, était bornée au nord-est
par le fief Vincelot, au sud-ouest par le fief Fournier, en
arrière par les cantons et en front par le Cap St-Ignace et
le fief G-agnier.
Elle avait été concédée à René Lepage, déjà seigneur
de Rimouski, le 17 mars 1793.
Le fief G-agnier., qui ne comprenait que dix arpents
de front sur un arpent de profondeur, fut concédé le 3
septembre 1675 à Sieur Louis G-agnier dit Bellavance.
Ce fief était borné en front par le fleuve, au nord-est par
le Cap St-Ignace, au sud-ouest par le fief Fournier et en
arrière par la Seigneurie Ste-Claire.
— 40 —
Le fief Fournier, fut octroyé, comme l'indique son
nom à Sieur Louis Fournier, le 3 novembre 1672, par
l'intendant Talon. Ce fief qui mesurait trente arpents de
largeur sur 21 arpents de profondeur, était borné en front
par le fleuve.
Le fief L'Epinay, se trouvait situé en arrière de Saint-
Thomas. Il avait trois lieues de largeur sur une lieue et
demie de profondeur. Le gouverneur de Callière l'avait
concédé le 7 avril 1701 à Jean Baptiste Couillard, Sieur
l'Epinay.
Ce fief devenu la propriété de M. Couillard Dupuis,
est traversé par la rivière Morigeau.
La partie située en arrière de Montmagny n'est pas
encore exploitée, et l'on y remarque encore beaucoup de
bon bois.
La Seigneurie de Berthier, fut donnée par Tinten-
dent Talon, le 29 octobre 1672 à Sieur Berthier. En 1780, les
Dames religieuses de l'Hôtel Dieu de Québec obtenaient la
donation de ce fief par testament de Mossire Charles des
Bergères de Rigauville, vicaire général. Cette seigneurie
bornée en front par le fleuve, au sud-ouest par St-Valier
et en arrière par la rivière du Sud, comprenait deux lieues
de front et autant de profondeur.
Le village de Berthier, qui se trouve dans les limites
de cette ancienne Seigneurie, commande par sa position
une perspective des plus grandioses. L'œil embrasse du
même coup, les islets de Bellechasse, l'île Madame, l'île
aux Grrues et l'île d'Orléans. Un bateau à vapeur, le
Montmagny, qui fait escale à l'île d'Orléans et à St«Michel
dessert en même temps cet intéressant village, dont la
population, au dernier recensement, était de 1152 âmes.
En arrière de Berthier, l'on rencontre la paroisse de St-
François, reliée à Québec par le chemin de fer Intercolo-
nial. Cette paroisse compte une population de 1544
habitants.
— 41 —
MOUVEMENT DE LA POPULATION
La superficie du comté de Montmagny est de 653 milles
carrés, équivalant à 418,158 acres.
Sa population au recensement de 1891, s'élevait à
14726 âmes.
Montmagny est au nombre des comtés qui accusent une
diminution de population depuis la dernière décade.
Cette diminution s'est chiffrée par un total de 1,600 per-
sonnes que l'esprit d'aventure a conduit, au moins pour
un assez grand nombre, sur la terre américaine.
D'autres qui étaient exclusivement adonnés à la pêche,
ne trouvant plus, à la suite de la liquidation de quelques
maisons commerciales, à exercer avec profit leur industrie,
allèrent fonder de petites colonies sur les côtes de G-aspé. *
Depuis quelques années cependant cette regrettable
déperdition de forces a subi un arrêt Les crises périodi-
ques de l'industrie américaine ont fini par dessiller les
yeux du plus grand nombre et le contingent fourni à
l'émigration n'est plus désormais qu'une quantité négli-
geable.
Quoique l'on n'ait pu faire, pour ce comté, cette réclame à
outrance qui pousse les masses à se fixer en d'autres
parties du pays, il importe de ne pas ignorer que les
vieilles paroisses du comté de Montmagny constituent de
bons centres agricoles et que les cantons qui les envi-
ronnent, pouv être inférieurs à bien d'autres, offrent
encore une perspective assez encourageante aux colons.
EXPLOITATIONS AGRICOLES ET INDUSTRIE LAITIERE
En 1891, voici ce que représentaient dans ce comté,
l'étendue et la condition des exploitations agricoles :
* 11 y a une quinzaine d'années, Montmagny, le Cap S t- Ignace, etc.,
contenaient une population flottante d'environ cinq à six cents pêcheurs
qui partaient invariablement le printemps et l'automne pour la côte Nord
ou même les côtes de la Gaspésie, dans le but de faire la pêche pour le
compte de la maison Robin et de quelques autres maisons de Gaspé.
a
a
— 42 —
Nombre d'acres améliorés 97,755
Nombre d'acres sous culture 59,919
Nombre d'acres en forêt 87,043
Nombre d'acres en jardins et vergers 11,711
Les produits des champs avaient donné, la même
année, les résultats suivants :
Boisseaux de blé 15,314
orge 11,013
avoine 162,418
seigle 4,683
pois 4,074
sarrazin 9,631
patates 217,712
Tonnes de foin 24,962
Le nombre de fromageries était de six en 1899, avec en
plus dix beurreries. Trois d'entre elles fonctionnent avec
succès dans la ville de Montmagny.
Les dix beurreries ont produit en 1899, 422,550 livres de
beurre, représentant une valeur de $84,510 et les froma-
geries ont donné 375,816 livres de fromage d'une valeur de
$37,581.
Les cercles agricoles — il y en avait six en opération en
1897 — font aussi une bonne besogne. Sous leur impul-
sion, la routine fait place chaque jour à des méthodes
plus rationnelles et conséquemment plus conformes au
progrès .
INDUSTRIE FORESTIERE LA MAISON PRICE
L'industrie des bois est un autre facteur puissant con-
stituant à la fois une grande ressource pour les marchands
de bois et pour les colons dans Montmagny.
La supeiflcie actuellement sous licence de coupe de
bois dans les comtés réunis de Montmagny et de l'Islet
est de 770 milles, et depuis une trentaine d'années les
principales maisons qui se sont engagées dans cette
industrie, ont été tour à tour MM. Léandre Méthot, du
NOTP.E-DAME DU ROSAIRE (sur la route Beaubien
Vue de l'égli-e et du village.
SAINTE-APOLLINE (sur le chemin Taché).— Vue des défrichements
et des habitations.
— 43 —
Cap St. Ignace, Chs. King, Cunliffe et Stevens, Morrow et
Connors, Priée & Frères, ¥m. Muirhead.
A l'heure actuelle c'est la maison Price qui tient la tête
de cette industrie. Elle détient à elle seule 350 milles de
limites dans les comtés réunis de Montmagny, l'Islet et
Bellechasse et possède dans la ville de Montmagny, au
Cap St-Ignace et au village des Trois-Saumons, d'im-
menses moulins à scie qui requièrent, bon an, mal an, les
services de 300 à 400 hommes. Les chantiers donnent
en outre de l'ouvrage à plus de mille personnes.
Le principal moulin est installé à Montmagny, sur les
bords de la rivière du sud, à quelques cents pieds de la
gare. Il est éclairé à l'électricité.
En 1.899, la maison Price a scié dans ses moulins
32,000,000 de pieds de bois et l'on a dépassé ce chiffre
en 1900.
Les opérations de la maison Price dans cette partie du
pays augmentent d'année en année. Aussi, fait-on de
grands travaux pour répondre aux besoins toujours gran-
dissants du marché Un planeur électrique vient d'être
construit dans le voisinage des quais du bassin de Mont-
magny ; de plus, la maison Price a fait, en ces derniers
temps, l'acquisition d'une ass^z grande partie des lots de
grève du bassin, afin de prolonger ses quais qui serviront
à recevoir son bois.
Les madriers fabriqués par la maison Price sont des-
tinés au commerce d'exportation. On les expédie, pour
la plus grande partie, en Angleterre, en France, en
Espagne et aux Indes.
Comme on le sait, c'est l'épinette qui domine dans les
forêts des comtés de Montmagny et de l'Islet et c'est ce
bois qui a acquis nne grande valeur commerciale depuis
qu'on l'utilise pour la pulpe, que la maison Price et les
autres manufacturiers exploitent de préférence.
D'après les rapports officiels, la quantité de bois
«d'épinette manufacturée d>ns les deux comtés de Mont-
— 44 —
magny et de l'Islet s'est élevée en 1896 à 534,804 pièces,,
et en 1899 à 31,039,804 pieds.
LE CHEMIN TACHE ET LA COLONISATION
On a coutume de dire que là où l'industrie forestière
est florissante, la colonisation reçoit elle-même une vigou-
reuse impulsion et a toutes les chances de se développer
rapidement. Cette prétention n'est pas exactement vraie
en ce qui regarde le comté de Mont magny.
La colonisation commencée, il y a plus de trente ans,
dans les divers cantons enclavés dans le comté de Mont-
magny, n'a pas été ce qu'elle aurait pu être. Cela tient:
au fait que lorsque les nouveaux cantons ont été ouverts
pour recevoir les colons, l'émigration battait son plein, et
que les fils de cultivateurs de vieilles paroisses du comté,,
alléchés par l'appât d'un gain rapide et par la perspective
d'un travail qu'ils estimaient moins pénible dans les
usines américaines, ont déserté en masse la hache et la
charrue pour courir à l'étranger. Il ne serait pas juste
de dire pourtant que la colonisation s'est trouvée complè-
tement paralysée dans cet espace de temps. La statistique
démontre le contraire. Tout ce qu'on peut dire, c'est
qu'elle n'a pas été rapide, aussi rapide que dans d'autres
parties du pays qui n'étaient pas mieux favorisées du
côté du sol.
Le plus grand essor donné à la colonisation dans ce
comté, l'a été par l'ouverture du chemi i Taché, vers 1858.
Il y eut à ce moment une poussée générale, et à mesure
que les travaux du chemin avançaient, de hardis pionniers,
s'emparaient des lots qui le bordaient et fondaient des pa-
roisses qui sont aujourd'hui en pleine voie de prospérité.
Le chemin Taché — l'une des plus belles routes de colo-
nisation de la province— s'étend aujourd'hui sur un par»
cours de 209 milles et traverse les cantons de Montminy
et de Patton, dans le comté de Montmagny, le canton
Mailloux dans le comté de Bellechasse, les cantons Aragov
CHEMIN TACHÉ.— Le chemin Taché, en partant de
St-Marcel, obstrué par des arbres.
SUR LE CHEMIN TACHÉ.— Camp de bûcherons.
txarneau et Lafontaine dans le comté de l'Islet, les cantons
Chapais, Painchaud, Chabot, Pohenegamook, dans le
<;omté de Kamouraska, les cantons Armand, Viger et
Denonville dans le comté de Témiscouata, les cantons
Bédard, Macpes, Neigette, Fleuriau et partie du canton
de Cabot, dans le comté de Bimouski et aboutit au chemin
Matapédia.
Pour accélérer le mouvement colonisateur dans cesfnou-
veaux cantons, le gouvernement de Québec crut sage de
concéder gratuitement les lots qui bordaient le chemin
Taché, et en 1873, un arrêté du conseil Exécutif fut passé
à cet effet.
D'un autre côté, des sociétés de colonisation se formè-
rent et notamment la société de colonisation No. 3, de
Montmagny, qui avait M. Fournier pour principal promo-
teur, et qui se fit accorder gratuitement en 1870 soixante-
dix lots d'une contenance de 6,988 acres dans les cantons
Roiette et Panet.
Aujourd'hui, c'est-à-dire depuis 1888, ces allocations
gratuites se font plus rares, mais la colonisation ne s'en
porte pas plus mal. J'oserais même dire qu'elle s'en
porte mieux, tant il est vrai qu'on ne prise bien que ce
que l'on paie.
Au reste, la question du prix ne pouTra jamais embar-
rasser les colons sérieux, puisque le prix d'achat d'un lot
dans tous les cantons du comté de Montmagny ne s'élève
pas au delà de trente cents par acre — et que le gouverne-
ment n'exige qu'un premier versement représentant le
cinquième du prix total.
Les agents proposés à la vente des terres publiques
dans ce comté sont M. C. F. Leclerc, de la ville de Mont-
magny et M. Turgeon, à St. Philémon de Bellechasse.
LES CANTONS
Il nous reste à lier connaissance avec les divers cantons
éparpillés dans le comté de Montmagny, et qui comptent
— 46 —
tous pour la plupart, des groupes assez considérables de
colons.
Ces cantons sont au nombre de sept : — Ashburton,
Bourdages, Montminy, Patton, Rolette, Panet, Talon.
Ces cantons qui comptent 181,000 acres arpentés, n'ont
pas tous la même valeur au point de vue des ressources
qu'ils peuvent offrir à la colonisation. Quelques-uns sont
rocheux, comme Bourdages et uue bonne partie d' Ash-
burton.
Ashburton. — >Ce canton, nous venons de le dire, n'est
pas également recommandable dans toutes ses parties. Il
y a sans doute par ci par là de bons lots, mais un explo-
rateur qui l'a parcouru récemment, fait exception pour les
rangs "A", "B", "C", "D", qui contiennent beaucoup de
bois mais qui sont presqu'en totalité impropres à la cul-
ture.
Une colonie a surgi cependant depuis vingt-cinq ans
dans ce dernier canton et a même pris un développement
assez sérieux. Je veux parler de Notre-Dame du Rosaire,
qui a été érigée en municipalité, en décembre 189 4.
Bourdages. — Ce canton qui renferme dix rangs se
trouve situé en arrière du Cap St-Ignace. La route de
PAnse, partant du Cap, le traverse.
Le terrain est rocheux et la plupart des lots des huit-
ième et neuvième concessions sont tenus pour être peu
cultivables.
D'autre part, les rangs 4, 5, 6, 7, et les rangs A et B
sont pour une bonne partie en savane et dénués de bois
de commerce.
Patton. — Ouvert à la colonisation en 1862, ce canton
contient à lui seul, 21,000 acres de terres arpentées, avec
sept rangs et possède un sol assez riche. L'un de ces
rangs, le cinquième, est déjà presqu'entièrement colonisé.
En 1898, on a pratiqué une route qui conduit du Cap
St-Ignace au chemin Taché dans ce canton!
— 47 —
Dans le 6e rang, il y a 86 lots qui ont été pris dans ces
dernières années.
Le premier rang est un peu rocheux, mais la qualité du
sol est bonne. Au reste, les loches ne sont qu'à la surface
et peuvent être facilement enlevées.
La forêt qui est très belle, comprend de l'épinette, du
merisier et de l'érable.
Panet. — Ce canton qui compte onze rangs, avec 39,000
acres de terre, n'est pas également bon, dans toutes ses
parties, au point de vue du sol. Il y a cependant, cà et
là, de bonnes étendues de terrain pouvant être cultivées
avec profit. Le terrain, en général, est onduleux avec
quelques montagnes entre les 1er et 2e rangs. Il ne reste
plus qu'une dizaine de lots à prendre dans le 1er rang.
La rivière Daaquam traverse les 6e et 7e rangs.
Le bois dominant est l'épinette, le sapin, le merisier,
l'érable et le cèdre.
Talon. — Les cinq premiers rangs du canton Talon sont
rocheux, mais la qualité du sol est assez bonne dans les
cinq autres rangs ; c'est l'épinette qui domine dans ce
canton
Ce canton compte dix rangs, avec plus de 50,000 acres
de terres. Il n'y a encore que quelques lots qui aient été
pris dans le 1er rang.
Eolette. — Sept rangs et 27,000 acres de terres dispo-
nibles. On compte cinquante familles dans le septième
rang du canton Rolette. Le 6e rang commence lui aussi
à se coloniser.
On s'attend à former avant longtemps une paroisse
dans ce canton, et le site de la future chapelle a déjà été
choisi.
Ce qui manque à ce canton, pour faciliter son expansion,
c'est une route carossable qui lui permette de communi-
quer avec Montmagny durant l'été.
— 48 —
Le sol est composé de terre grise et jaune, et noire dans
les fonds.
L'arpenteur Elzéar Laberge, estime que les trois quarts
du canton sont propres à la culture.
On rencontre une assez grande quantité de bois de
commerce, tel que l'épinette, dans la partie nord-est des
rangs 5, 6 et 7. Il y a aussi du sapin, du merisier, de
l'érable pt du cèdre.
Montminy. — C'est celui des cantons du comté de Mont-
magny où la colonisation fait le plus de progrès.
Ce canton ne contenait que 19 personnes en 1851, avec
trente-cinq acres de terres défrichées. Il est aujourd'hui
eolonisé pour les deux tiers.
Il ne reste plus que 6 à 700 acres à disposer dans ce
canton. Le canton de Montminy a vu se former la paroisse
de St-Paul.
NOUVELLES COLONIES
NOTRE DAME DU ROSAIRE.-SAINT-PAUL DE MONTMINY-
SAINTE APOLLINE
NOTRE-DAME DU ROSAIRE
Deux routes mènent à ce village : la route Beaubien
qui commence à Montmagny pour aboutir jusqu'à St-
Paul du Buton et la route de St-Pierre qui débouche du
village de ce nom. La seconde est un peu plus courte
que la première.
Les débuts de cette petite colonie qui ne se trouve qu'à
cinq lieues de la ville de Montmagny, dans le canton
Ashburton, datent de 1883.
Trois familles y possédaient des lots à cette époque, et
l'une d'elles, la famille de M. Edouard Mercier, y résidait
— 49 —
depuis vingt-huit ans. Dans l'automne de 1883, six
nouvelles familles, les Graudrault, les G-amache, les Collin,
les Gragné et les Fournier vinrent s'adjoindre aux premiers
colons de l'endroit, et depuis, la nouvelle colonie ne fit
que grandir en nombre et en importance.
En juin 1885, Notre-Dame du Rosaire vit arriver chez
elle deux familles françaises, les messieurs de Gurzon, qui
achetèrent la i ropriété d'un nommé Dion, et la famille
Perreault. Les messieurs de Curzon ne demeurèrent que
trois ans dans le village. Ils vendirent leurs propriétés,
qui étaient dans une excellente condition et retournèrent
en France
Monsieur l'abbé Jolicœur fut le premier missionnaire
de cette colonie, en 1888. Quelques années plus tard, en
1892, le mouvement colonisateur prit un regain d'activité
et le village à peine ébauché, finit par former une paroisse
de 000 âmes.
Dans Notre-Dame du Rosaire, comme dans le reste
du canton Ashburton, le terrain est rocheux, très-rocheux
même, mais le travail de déblaiement, une fois opéré, la
terre se montre assez généreuse et donne de bonnes récoltes.
Elle exige néanmoins beaucoup d'engrais.
Les MM. Price ont un moulin à scie d'une capacité de
30,000 billots dans ce village. 11 y a aussi deux autres
scieries appartenant à des particuliers.
Une fromagerie a été éga ernent installée en ces der-
nières années, mais ne recrute encore que vingt-quatre
patrons.
SAINT-PAUL DE MONTMINY.
Saint-Paul est à troisjieues de Notre-Dame du Rosaire
et à huit lieues de Montmagny.
Enclavée dans le canton Montminy, cette colonie a fait
des progrès marquants et constitue, à l'heure présente, ce
qu'on peut appeler une bonne paroisse. Au reste, elle
comporte une population de 1050 âmes.
4
— 50 —
L'aspect du village est riant et crée une impression des
plus favorables. Cela tient à ce que toutes les maisons
d'habitation de même que les bâtiments de la ferme sont
blanchis à la chaux. Que ne suit-on ce bon exemple dans
maints autres villages ! C'est la pensée qui nous vient à
l'esprit en franchissant la principale route de St-Paul. Que
l'on n'objecte point la dépense ? La chaux coûte peu de
chose et puis après tout n'est-ce pas un luxe bien légitime
pour un village que d'avoir des maisons à l'air propret ?
Il y aurait, à notre avis, toute une campagne à faire à ce
sujet, et cette campagne devrait commencer parles vieilles
paroisses qui accusent une grande négligence de ce côté.
Le terrain dans St-Paul, comme dans tout le canton
Montminy est supérieur à celui d'Ashburton. Il y a
même çà et là des lopins de terre propres à constituer des
fermes de première classe.
La paroisse de St-Paul possède trois moulins à farine,
deux moulins à scie, et une beurrerie avec une fromagerie
qui ont rapporté, en 1899, $11,664.
SAINTE-APOLLINE.
Ce n'est encore qu'une petite mission, avec chapelle,
composée au plus de cinquante familles, et desservie, pour
le moment, par M. ie curé :1e Saint-Marcel.
Cette colonie naissante, mais qui devra prospérer si l'on
tient compte de l'excellente qualité du sol, borde le che-
min Taché, à trois lieues de Saint Paul.
Elle s'est formée à même le canton Patton.
MM.Phidimc Côté et Tnéo. Nicole ont été les premiers
défricheurs de cette colonie. Il n'ont point tardé à
avoir d<\s imitateurs qui se sont recrutés dans les paroisses
de Ste-Claire, de St-Magloire et de St-Paul.
La route la plus courte pour atteindre Ste-Apolline *»st
la route de l'Anse qui part du Cap St-ïgnace. C'est un
parcours de sept lieues.
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COMTE DE L'ISLET
ANCIENNESSZICNEURIES ET PAROISSES.
Le comté de l'Islet, comme celui de Montmagny, embras-
sait autrefois, dans ses limites plusieurs seigneuries qui
sont aujourd'hui cultivées et colonisées dans presque
toute leur étendue.
La Seigneurie de Bonsecours — La première conces-
sion remonte à 1677 et le premier seigneur fut François
Bélanger. Son successeur, en 1723, est Louis Bélanger,
puis en 1739, Jean François Bélanger. Pierre Bélanger
en devient ensuite propriétaire et vend ce fief en 1796 à
Jacques McCallum.
En 1811, Jean-Baptiste Couillard Després acquit une
partie du fief de l'Islet de Bonsecours et en 18 29 celui-ci
passe à Olivier Eugène Casgrain.
La Seigneurie Lessard. — Bornée au nord-est par le
canton de Ashtbrd et en arrière par les terres vacantes de
la Couronne.
Cette seigneurie qui avait une lieue de front, fut
concédée par le gouverneur de Frontenac, le 30 juin 1698
à Pierre Lessard. Elle passa plus tard aux mains de M.
Andrew Stuart.
La Seigneurie de St-jean Port-Joli.— Elle embras-
sait une étendue de deux lieues de profondeur. Elle fut
concédée en 1677 à Noël Langlois. Celui-ci la revendit à
Charles Aubert de la Chesnaye qui la donna en héritage
en 1781 à Ignace Aubert de Gl-aspé. Tous les terrains
dans cette seigneurie qui comprenait quatre rangs, se trou-
vaient déjà concédés avant la cession du Canada.
Les rivières Trois-Saumons et Port-Joli qui traversent
la seigneurie prennent leur source en arrière dans les
montagnes.
La Seigneurie de St-Roch des Atjlnais. — Cette sei-
gneurie comptait trois Jieùes de front sur deux de pro-
fondeur. Elle avait été concédée le 1er avril 1657 à
Nicholas Juchereau de St-Denis.
L'ancien manoir des seigneurs de St-Roch est devenu,
depuis quelques années, la propriété de M. Déchêne,
député aux Communes pour le district électoral de l'Islet.
Dans toutes ces anciennes seigneuries, dont la création
remonte, comme on a pu le voir, aux premiers temps de la
colonisation française en cd pays, l'on retrouve, gracieuse-
ment échelonnés le long des rives de notre grand fleuve,
de magnifiques villages qui ont chacun leur histoire, mais
que le cadre restreint de ce travail ne permet pas de
retracer.
Citons néanmoins, au fil de la plume, Notre-Dame de
Vis/et, dont un poète de l'endroit a dit :
. . . .L'islet est l'orgueil de nos Laurentiennes,
La perle, le joyau des plages canadiennes.
La paroisse actuelle de l'Islet fut concédée dans le prin-
cipe en deux seigneuries. Sa situation avantageuse et la
fertilité du sol y attirèrent dès 1700 un bon groupe de
colons. Une année plus tard, on trouve déjà sur les
domaines de la seigneuresse Geneviève Couillard, veuve
de sieur du Tertre et du seigneur Bélanger une vingtaine
de familles. On y voit des Bélanger, des Rouleau, des
Cloutier, des Larouche, des Marchand, des Langelier des
Lavergne, des Fortin, des Lessard, des Caron, des Lecierc,
etc.
La première église de l'Islet fut érigée en 1700, à l'en-
droit où se trouve aujourd'hui la chapelle des morts. On
— 53 —
construisit une deuxième église en 1721 qui fut démolie
en 1768 pour faire place au temple actuel.
A la fin de décembre 1899, la population de l'Islet était
de 421 familles, et 2,264 âmes.
Cette paroisse était autrefois plus considérable, mais
elle a été démembrée en 1874 pour former la paroisse de
St-Eugène.
L'Islet est l'un des villages les mieux bâtis de la rive
sud. Il fournit aussi des points de vue de toute beauté.
Les convois de l'intercolonial nous y conduisent de
Québec en moins d'une heure et demie.
* *%.
A neuf milles plus loin, toujours sur la route de l'In-
tercolonial, voici St-Jean Port- Joli, ancienne paroisse que
l'on voit désignée dans le recensement de 1739 sous le
nom de Port-Jn/y et qui comptait déjà à cette époque, un
groupe assez considérable. Sa population actuelle est de
2,200 âmes. C'est le chef-lieu du comté.
* *
Citons encore Saint- Roch des Au! nais, Sainte-Louise, Saint-
Aubert.
C'est dans le premier de ces villages, à St-Roch, fort
d'une population de 1,670 habitants, que se trouve la
célèbre pépinière de M. Auguste Dupuis, fondée en 1861,
et qui a rendu et qui rend encore tant de services à la
classe agricole. On sait que dans notre district la culture
des fruits est plus difficile qu'ailleurs, par suite de la
brièveté de la belle saison et de l'intensité du froid pen-
dant l'hiver. M. Dupuis a démontré par des expériences
réitérées, toujours couronnées d'un plein succès, que la
plupart des fruits pouvaient s'acclimater ici, comme dans
n'importe quelle autre partie de la Province.
— 54 —
Saint- Aubert n'est qu'à deux milles en arrière de St-Jean.
C'est une paroisse agricole déjà très avancée. Elle possède
un médecin résident, M. le docteur Paquet, et est en com-
munication directe, par le téléphone, avec toutes les colonies
nouvelles.
Trois moulins à scie fonctionnent dans ce village. On
y trouve aussi une fromagerie qui a rapporté l'an dernier
un bénéfice de trente-trois pour cent à ses patrons.
POPULATION.-EXPLOITATEONS AGRSCOLES. BEUR
RERG ES, SERVICE TELEPHONIQ UE. INDUSTRIE
FORESTIERE
La population totale du comté de l'Islet était de 18,823
habitants au dernier recensement, et les exploitations
agricoles donnaient, à la même époque les chiffres sui-
vants :
Acres occupés , 208,174
'• améliorés 108,892
" sous culture 56,522
" en foin 99,282
" en jardins et vergers 808
La valeur des biens fonds imposables était estimée à
$2,281,753. Ajoutons que l'aisance est générale dans la
plupart des villages et que l'agriculture, grâce à l'initia-
tive intelligente de quelques agronomes distingués, s'y
fait partout, d'après les méthodes les plus récentes.
L'industrie laitière a reçu elle-même dans ce comté un
rapide développement. On y compte dix beurreries et sept
fromageries ainsi reparties: — 2 beurreries à l'Islet, une
beurrerie à l'Anse à Gilles, une beurrerieàTrois-Saumons,
une beurrerie à St- Aubert, sous le contrôle d'un syndicat
de cultivateurs, une fromagerie à St-Cyrille, deux beur-
reries et une fromagerie à St-Jean Port-Joli, une beurrerie
à Ste-Louise, une beurrerie à St-Pamphile, deux froma-
geries et une beurrerie à St-Roch des Aulnais, etc., une
fromagerie dans chacune des paroisses Ste-Perpétue, St-
Marcel, et St-Damase.
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Le rendement des beurreries pour 1899 s'est élevé à
853,230 livres de beurre, réprésentant une valeur de
$107,046. Quant à la production du fromage, elle a été de
125,272 livres, soit une valeur de $12,527.
Une autre création des plus importantes et qui rend
d'inappréciables services à toute les nouvelles colonies
du comté de l'Islet, c'est l'organisation du réseau télé-
phonique.
Cette organisation, aujourd'hui complétée, a supprimé
toutes les distances et fait sortir de leur isolement forcé
nombre de villages qui ne pouvaient communiquer qu'à
grands frais, avec les paroisses situées sur les bords du
fleuve.
St-Damase, Ste-Perpétue, St-Pamphile et St-Marcel
souffraient surtout de leur éloignement des grands centres.
Fallait-il en effet quérir les services d'un médecin, ou
désirait-on connaître le prix courant du marché au fromage
et au beurre, c'était toute une course à entreprendre,
douze et quinze lieues à faire sur des routes difficiles,
principalement durant la saison des pluies. Avant qu'on
fut arrivé à terme, le patient pouvait raisonnablement
être lui-même parti pour un monde meilleur, et la cote
du fromage et du beurre avait eu le temps de subir bien
des fluctuations !
Le téléphone — dont l'apparition au reste a été saluée
avec enthousiasme dans ces colonies lointaines — a remédié
à cet état de choses. On communique aujourd'hui de
toutes parts avec les paroisses du comté qui ont l'avantage
d'être reliées par le chemin de fer Intercolonial, et le plus
humble comme le plus fortuné des colons peut savoir au
jour le jour, sans souci de la distance, ce qui se passe dans
les grands centres.
Tous les cantons du comté de l'Islet étant généralement
bien boisés, surtout en épinette, il se fait chaque année
de grands chantiers. La plus forte partie du bois est
transportée à Montmagny où la maison Price, détenteur
— 56 —
depuis plusieurs années des principales limites à bois du
comté, possède de grands moulins à scie.
TERRES DISPONIBLES ET ROUTES DE COLONISATION
Il se trouve dix cantons dans ce comté avec plus de
200,000 acres de terre à prendre.
Les terres se vendent trente cents l'acre, et c'est l'agent
des terres de Montmagny, M. C. F. Leclerc, qui est pré-
posé à leur vente.
Comme pour le c >mté de Montmagny, l'ouverture et le
parachèvement du chemin Taché a été un puissant fac-
teur pour la colonisation dans le comté de l'Islet. Il en
est de même de la route tëlgin.
La route Elgin, ouverte en 1856, va jusqu'aux frontières
de la province et traverse six cantons. Ce chemin part
du fleuve St-Laurent, à St-Jean Port- Joli, traverse les sei-
gneuries, passe dans la ligne de division entre les cantons
Fournier, Ashford. G-arneau, Lafontaine, Casgrain et
Pionne, et fait intersection avec le chemin Taché, entre
les cantons Garneau et Lafontaine.
Les premiers établissements, sur le parcours de cette
route, ont une origine déjà ancienne. Même avant l'ou-
verture de la route, des cultivateurs des paroisses de St.
Jean Port-Joli et de St-Aubert y avaient déjà pris des lots.
Ce furent aussi des jeunes gens de ces deux paroisses qui
jetèrent les bases des premiers établissements le long du
chemin Taché, dans les cantons G-arneau et Lafontaine.
Povir faciliter la colonisation dans cette région, les gou-
vernement affectent chaque année une subvention pour
les chemins. Ces subventions ont été employées à amé-
liorer les routes dans les cantons Arago et Beaubien qui
conduit de St-Marcel à St-Cyrille, à améliorer le chemin
Taché entre St-Marcel et Ste-Apolline dans les cantons
Arago et Patton. Puis d'autres routes ont été pratiquées
en ces dernières années dans Ste-Perpétue, entre les can*
tons Lafontaine et Grarneau, dans les cantons Arago, Beau-
bien, Lessard, Bourdages, Lionne.
— 57 —
LES CANTONS.
Canton Lessard. — Ce canton est situé en arrière de la
paroisse de St-Cyrille qui compte actuellement une popu-
lation de près de 1,600 âmes, avec une propriété foncière
d'une valeur de $208,000.
Les premières concessions de terres datent de 1841.
C'est en cette année-là que l'Honorable Richard T. Alleyn
se fit concéder dans les deux premiers rangs, : ,800 acres
de terres. Il rest<« à peine une quarantaine de lots en
disponibilité dans les rangs " A" et "B" et la terre y est
médiocre.
Canton Beaubien. — Il n'y avait encore en 1899 que
deux à trois familles résidentes dans ce canton.
On peut trouver quelques bons lots dans les rangs 3, 4,
5 et 6, mais d'une manière générale, il y a assez peu de
chose à retirer de ce canton au point de vue de la coloni-
sation. Par contre, il est assez bien boisé en épinette.
Canton Arago. — Il comprend 23,000 acres de terres
disponibles avec sept rangs. Les six premiers rangs sont
de bonne terre, mais le septième est peu recommandable.
Presque tous les lots du 1er rang ont été achetés par des
colons, mais ne sont pas encore occupés, faute de débou-
chés. Le bois de commerce, l'épinette blanche et le cèdre,
ont été faits en partie.
On compte plusieurs petits lacs dans ce canton, mais
peu profonds et peu poissonneux. Le priucipal cours
d'eau est la rivière Ratsoul, et puis la rivière Hamon.
La mission de St-Marcel se trouve incorporée dans ce
canton. Il y a maintenant un curé résident.
Canton Leverrier. — Ce vaste canton contient à lui
seul 41,000 arpents de terre et l'on y rencontre les essences
de bois francs les plus variées.
M. C. F. Leclerc, agent des terres, qui a visité ce canton
en décembre 1899, aTelevé dans les. ôième, 6ième et 7ième
— 58 —
rangs quarante-cinq lots vendus, dont une bonne partie
occupés. Plusieurs colons avaient même fait dans l'été
de 1899 une excellente récolte de foin et d'avoine. Un
colon, du nom de Michel Duval, récemment établi sur le
lot 51 dans le rang 6, a récolté à lui seul l'an dernier,
1,500 minots d'avoine et une trentaine de tonnes de foin.
La plupart de ces lots ont été vendus en 1897 et en 1898.
L'agent des terres, M. Leclerc, croit que l'on verra
surgir avant peu d'années une paroisse prospère dans ce
canton. Le terrain dans cette partie de Leverrier, ajoute-
t-il, est supérieur à celui de v$t-Pamphile qui est pourtant
devenu depuis quelques années une belle et grande
paroisse.
Canton Lafontaine — Le terrain est assez plan sur
les cinq premiers rangs, et l'on rencontre ça et là de belles
érablières. Les meilleurs lots se trouvent, en toute pro-
babilité, sur les 4ième et 5ième rangs.
Tous les lots sur la partie du chemin Taché qui borde
ce canton sont établis. On compte déjà une vingtaine de
familles dans le rang 2 et une douzaine de familles rési-
dant sur des lots dans les 3ième et 4ième rangs.
Il y a dans ce canton, à neuf milles environ de Ste-
Perpétue, un joli lac, le lac Ste-Anne, qui est fort fréquenté.
On y prend de la truite.
Canton Casgrain. — Il est sillonné par plusieurs petites
rivières sur lesquelles l'on peut aisément construire des
moulins de toute espèce.
Quoique ce canton compte encore près de 20,000 acres de
terres disponibles, la colonisation y a fait des progrès
sérieux.
Le rang "A" traversé par la route Elgin, qui se compose
de 44 lots est entièrement colonisé II en est de même
du 6ième rang. Dans les 3ième, Ôième et 7ième rangs,
plus de la moitié des terres sont vendues.
— 59 —
Canton Dionne.— Tout le rang uA"est colonisé depuis
près de quarante ans. Dans les autres rangs, les colons
sont clair semés. Il reste 28,000 arpents de terres à pren-
dre dans ce canton.
Les terres sont généralement bonnes, principalement
dans les 3ième, 4ième et 6ième rangs.
On y trouve aussi d'assez bons bois tels que l'épinette»
du merisier et du bouleau, quoique les incendies aient
ruiné certaines parties du canton.
Canton Fournier. — D'après les explorations faites
jusqu'ici, l'on ne tiouve que des étendues assez restreintes
de terres dont il soit possible de tirer profit au point de
vue agricole. C'est en outre un canton montagneux et
rocheux, et qui compte plusieurs milles en savane, sur-
tout en arrière du 6ième rang.
La partie la plus colonisable qui comprend le rang "A"
ainsi que les rangs un, deux et trois, est occupée par des
colons depuis un assez grand nombre d'années
Les autres rangs — car ce canton en compte dix-neuf —
sont dans l'ensemble, de qualité médiocre.
Les essences forestières sont assez variées, mais c'est
l'âpinette et le sapin qui dominent.
Canton Ashford. — La meilleure partie de Ashford est
•colonisée.
Ce canton sert en quelque sorte de prolongement à la
paroisse Ste- Louise formée à même la seigneurie St-Roch,
renfermant une population de mille habitants et reliée à
Québec par le chemin de fer Intercolonial.
Ce canton comprend onze rangs avec 28,000 acres de
terres disponibles. L'exploitation du bois s'est faite autre-
fois sur une grande échelle dans ce canton ; il reste cepen-
dant une assez bonne qualité d'épinette et de cèdre.
Canton G-arneau. — Neuf rangs et 28,000 acres de ter-
res disponibles.
— 60 —
Le terrain est quelque peu pierreux mais on trouve par-
ci par là quelques étendues de terres propres à la coloni-
sation.
Ce canton est assez bien boisé en bois franc.
LES NOUVELLES COLONIES
SAINT DAM A3E.- SAINTE PERPETUE.- 3AINT PAMPHI LE.-
SAINTADALBERT. SAINT MARCEL
SAINT DAMASE
C'est la première paroisse que Ton rencontre sur la
route Elgin, en partant de Saint-Jean Port Joli. Huit
milles seulement la séparent de ce dernier village.
St-Damase est un joli village légèrement accidenté. Il
a été formé d'une partie du canton Ashford, du canton
Fournier et de quelques parcelles des seigneuries de St-
Jean et de St-Roch.
La rivière des Trois-Saumons le traverse en entier for-
mant cà et là quelques chutes qui font mouvoir des
moulins.
La création de cette colonie remonte à une quarantaine
d'années, mais elle ne paraît avoir pris de développement
sérieux que depuis douze à quinze ans.
Les premiers colons qui vinrent se tailler ici un domaine
étaient trois frères : MM. Pierre, Damase et Guillaume
Ouellet. Je cite leurs noms avec d'autant plus de plaisir
que contrairement à bien d'autres ils ne se sont pus con-
tentés d'entamer la forêt pour déguerpir peu après, laissant
à leurs successeurs le soin de recueillir le bénéfice de leur
dur labeur. Tout au contraire, ces pionniers de St-Damase,
jeunes et pleins de vigueur, se sont pris d'attachement
pour le sol qu'ils foulaient, et la terre, qui est rare-
ROUTE ELGIN. -Nouvelles habitations sur la
route Elgin, près de Ste-Perpétue.
SAINTE-PERPETUE.— Eglise paroissiale
et presbytère.
— Gl —
ïn«nt ingrate, les a amplement récompensé de leur opiniâ-
treté au travail et de leur peiséverance. Les messieurs
Ouellet possèdent aujourd'hui les meilleures fermes de
la paroisse et ont même acquis une aisance qui touche
presqu'à la fortune.
Il n'y a encore qu'une chape le assez modeste a Saint-
Damase. mais comme la paroisse grandit de jour en jour,
il est fortement question de bâtir une église plus appro-
priée aux besoins de la population. M. l'abbé Hudon qui
dessert la paroisse, est le troisième curé résident.
Ajoutons qu'une fromagerie fonctionne dequis trois ans
dans ce village et est alimentée par une quarantaine de
patrons.
La population, au 1er janvier 1900, était de 728 âmes.
SAINTE PERPETUE
C'est encore une colonie échelonnée sur la route Flgin,
t?t ce n'est point la moins importante. Elle a même pris
en ces derniers temps un essor assez considérable.
Les premiers défrichements datent de quarante ans et
les premiers colons furent MM. David Lizotte, décédé
l'an dernier à l'âge de 90 ans, Moise Vaillancourt, Narcisse
Pelletier, Olivier Lagacé, Anselme Fournier, Joseph
Daigle, Clément Morneau, Prosper Carrier, Célestin
Fournier et Moïse Duval. Tous ces colons venaient de
St-.Tean Port Joli et de Saint- Aubert.
t ne chapelle fut bâtie il y a quelque trente ans et les
premiers curés qui exercèrent le ministère furent MM. les
abbés Ign Langlois et J. B. Soulard.
Ste-Perpétue est formée de deux cantons, Lafontaine et
Garneau, qui se font face chaque côté de la route Elgin,
Dans presque toutes les concessions de ces cantons, les
terres sont de bonne qualité et sles pâturages de premier
ordre. Déjà, deux de ces|concessions, les rangs quatre et
cinq de Lafontaine, bordées par le chemin Taché, sont
entièrement colonisées.
— 62 —
Le mouvement colonisateur qui semble s'affirmer depuis
quelques années dans cette région, a pour principal appui
le curé de l'endroit, monsieur l'abbé Martin.
La paroisse doit de plus à l'initiative intelligente de ce
jeune prêtre la fondation d'un cercle agricole qui compte
présentement soixante-quinze membres. Elle doit aussi
à ses efforts l'organisation d'une fromagerie, organisation
qui avait déjà été tentée à plusieurs reprises, mais sans
succès.
Cette fromagerie qui ne fonctionne que depuis un an,
avait déjà fabriqué au mois de juin 1900, 6,780 livres de
fromage, et M. l'abbé Martin qui en est l'âme dirigeante,
croit pouvoir enrôler, l'an prochain, cinquante à soixante
patrons.
Ste-Perpétue, étant éloignée de St-Jean Port Joli de
sept lieues, M. l'abbé Martin a eu l'excellente idée, pour
accommoder les cultivateurs, d'installer un réseau télé-
phonique qui leur permet de communiquer avec les
paroisses du bord de Veau.
La population de Ste-Perpétue comprend 1,050 âmes.
C'est une augmentation notable si l'on considère qu'il y a
moins de trois ans, le dénombrement de la paroisse n'avait
donné que 650 âmes.
SAINT PAMPHILE
Il faut traverser la route Elgin dans toute sa lon-
gueur— soit une distance de trente-trois milles — pour
atteindre ce village. St-Pamphile se trouve en effet
situé à l'extrémité de la route Elgin, et touche presqu'à
la frontière.
Ce village vit arriver son premier colon, il y a quarante
ans. Il s'appelait Frédéric Yaillancourt.
Celui-ci possédait déjà une bonne terre à St-Aubert,
mais se trouvant dans l'impossibilité d'établir tous ses
enfants dans cette dernière paroisse, il prit le parti de
pousser une pointe dans la forêt, à l'endroit même ou le
h- (
X
CL,
— 63 —
gouvernemeiit faisait ouvrir une route do colonisation
qui devait porter le nom de route El gin. Accompagné de sa
femme et de cinq enfants, il se mit aussitôt à défricher, et
l'année suivante, la terre lui rapportait suffisamment pour
se sustenter
La famille de ce brave vieillard possède aujourd'hui
l'une des plus belles fermes deSt-Pamphile et jouit d'une
aisance des plus enviables.
Nous avons eu le plaisir d'être présenté à cet ancien
pionnier de St-Pamphile. C'est un robuste vieillard,
d'humeur joviale, aimant à causer du passé et portant
allègrement le poids de ses quatre-vingt ans. Le travail
pas plus que les distances n'ont jamais fait peur à cet
intrépide colon. Au milieu de ses travaux de défriche-
ment, il trouvait moyen de porter la malle une fois par
semaine à St-Jean Port Joli. Et ce trajet qui comporte
une distance de vingt lieues, aller et retour, Frédéric
Yaillancourt l'a fait à pied, des années durant, à travers
la forêt et par toutes les températures.
Frédéric Yaillancourt eut des imitateurs. Le bruit
s'était répandu dans les paroisses environnantes, que les
terrains échelonnés le long de la route Elgin étaient de
bonne qualité. On accourut de toutes parts. Les familles
de Pierre Vaillan court, de Cléophas Saint-Amand, de
Chs. Fongemie dit Yadeboncœur, de Timothée Ouellet,de
Lazare Koutot, toutes de St-Roch des Aulnais, prirent des
lots qui sont aujourd'hui devenus des fermes qui ne le
cèdent guère aux plus belles fermes de nos vieilles parois-
ses.
Jusqu'à 1880, Saint-Pamphile n'était encore qu'une
mission ; mais à partir de cette année, l'autorité ecclésias-
tique y nomma un curé résident, monsieur l'abbé Adal-
bert Blanchet.
Sous l'action bienfaisante de ce prêtre qui paraît avoir
laissé d'ineffaçables souvenirs dans l'esprit de ses parois-
siens, Saiut-Pamphile a pris un essor considérable.
— 61 —
La colonisation a été poussée avec vigueur dans les
cantons Dionne et Casgrain, et monsieur l'abbé Blanchet,
se plaçant lui-même à la tête du mouvement, a jeté, il y a
cinq ou six ans, dans le canton Leverrier, les fondements
d'une nouvelle colonie qui porte son nom, Saint- Adalbert,
et qui, au dire de tous, est pleine de promesses pour
l'avenir.
Saint-Pamphile a vu se construire en même temps trois
moulins à scie et tout dernièrement une beurrerie qui
n'est encore patronnée que par cinquante-cinq cultiva-
teurs, mais qui ne manquera pas de l'être par un bien plus
grand nombre lorsque tous les préjugés et les causes
d'embarras auront disparu.
La population de Saint-Pamphile, qui n'était à peu
près que de mille âmes en 189 ï , atteignait au premier
janvier 1900. le chiffre de l'250 âmes.
Ajoutons que Saint-Pamphile qui est formé de deux
grands cantons — les cantons Dionne et Casgrain —est par
excellence un pays de sport.
Aussi tous les colons de l'endroit sont-ils un peu chas-
seurs.
Au reste, comment en serait-il autrement, lorsque le
chevreuil, le caribou et même le superbe daim se pré-
sentent presqu'à portée de fusil ?
La chasse se fait sur la rivière Noire et sur la petite ri-
vière St«Roch, cette dernière à trois milles seulement de
St-Pamphile. Le pays qui avoisine ces deux rivières est
absolument giboyeux. On ne cite pas de chasseur qui
soit jamais revenu bredouille.
SAINT -MARCEL
Un bonne route, partant du village de l'Islet et d'une
longueur de vingt et un milles, vous conduit en droite
ligne à St-Marcel.
Ce village a pris naissance dans le canton Arago, sur la
lisière du chemin Taché qui sépare les cinquième et
sixième concessions de ce canton.
ST-PAMPHILE.— Le premier colon de St-Pamphile, Frédéric
Vaillancourt (âgé de 80 ans) et sa femme.
— 65 —
Ces deux rangs sont aujourd'hui complètement défri-
chés et occupés. On envahit maintenant la septième con-
cession, ainsi que les trois premiers rangs bordés par la
route de l'Islet. Nous avons même remarqué dans ces
rangs des fermes tenues sur un bon pied.
St-Marcel est certainement appelé à prendre de l'exten-
sion, car la terre est bonne presque partout et le bois en
quantité suffisante pour les besoins des colons. Il y a
même, sur plusieurs rangs, de grandes érablières qui ne
demandent qu'à être exploitées.
Les premiers défrichements datent de vingt-cinq ans.
Ce furent trois frères, originaires de Saint-Cyrille de
l'Islet, Pierre, Elzéar et Alexis Pelletier, qui abattirent
les premiers, la forêt. Pour tout bagage, ils n'emportaient
qu'une hache et quelques denrées pour un temps assez
limité. C'est peut-être, direz-vous, l'histoire de bien
d'autres pionniers, mais cette histoire-là ne saurait être
banale, car elle suppose toujours de l'héroïsme, et l'héroïs-
me est une vertu assez rare pour mériter qu'on la mette
en vedette chaque fois qu'elle s'épanouit.
Les frères Pelletier n'eurent pas lieu, au reste, de
regretter le dur labeur des premiers jours ni même l'iso-
lement auquel ils se trouvèrent forcément condamnés
pendant une dizaine d'années, car le succès leur a souri,
comme il sourit toujours aux vaillants. Les terres qu'ils
ont défrichées à la sueur de leur front donnent au-
jourd'hui d'abondantes récoltes. Le plus, les frères Pelle-
tier possèdent de spacieux bâtiments, d'excellentes habi-
tations et sont outillés comme les plus riches cultivateurs
de nos anciennes paroisses.
La première chapelle de Saint-Marcel a été bâtie en
1885. C'est encore cette chapelle qui sert au service reli-
gieux, mais elle est devenue insuffisante, et l'on agite déjà
la question de la remplacer par un temple plus spacieux.
Monsieur l'abbé Dulac qui dessert cette paroisse depuis
six ans, et qui en est le premier curé titulaire, n'épargne
5
— 66 —
aucun effort pour développer sa colonie et améliorer son
sort. Les cultivateurs de Saint-Marcel souffraient tout
particulièrement de leur isolement, et de la difficulté
qu'ils avaient à communiquer avec les paroisses les plus
voisines. M. l'abbé Dulac s'est mis en frais de monter
une ligne téléphonique, et aujourd'hui Saint-Marcel peut
se faire entendre, à toute heure du jour et de la nuit, à
St Eugène, à St-Cyrille, à l'Islet et jusqu'au Cap Saint-
Ignace,
Soucieux du bien-être matériel de ses colons, M. l'abbé
Dulac, avec des ressources plus que modestes, a aussi
réussi à organiser en 1896, une fromagerie qui donne, cha-
que année, des résultats de plus en plus satisfaisants. Les
dix-sept patrons qu'il a enrôlés ont fourni à la nouvelle
fabrique, au mois de juin dernier, 85,000 livres de lait.
La paroisse St-Marcel compte actuellement cinquante
familles, représentant 316 âmes.
Comme dans la plupart des colonies nouvelles, les
familles sont ici très prolifiques. On nous a cité pour le
moins dix colons sur lesquels le Ciel s'est plu à répandre
plus spécialement ses abondantes bénédictions en leur
donnant à chacun dix et douze enfants. Les trois frères
Pelletier, fondateurs de St-Marcel, conviés récemment à
une noce de famille, ont pu fournir à eux seuls un bataillon
de quarante-sept enfants.
Peut-on désespérer après cela de l'avenir de notre
race ?
SAINT ADALBERT
C'est M. l'abbé Adalbert Blanchet, ancien curé de
St-Pamphile, qui a jeté, il y a sept ou huit ans, les fonde-
ments de cette colonie.
Celle-ci ne comprend encore qu'un nombre assez res-
treint de familles, mais d'autres colons ne tarderont point
à s'y porter, car le canton où cette colonie a surgi, — le
canton Leverrier— est l'un des meilleurs cantons du
comté de l'Islet.
en
<
O
<
COMTE DE KAMOURASKA
ANCIENNES CONCESSIONS SEIGNEURIALES
A l'instar des comtés de l'Islet et de Montmagny il y
eut ici, sous le régime français, plusieurs concessions
importantes de seigneuries et de fiefs.
L'une d'elles, la Seigneurie de Kamouraska échut en par-
tage, en lf>t4, à Olivier Morel de la Durantaye. Charles
Aubert de la Chesnaye en devint le second concession-
naire, puis elle passa successivement aux mains de Louis
Aubert de Forillon, de Henry Hiché, de Jean Baptiste de
Charnay. En 1830, M. Paschal Taché en était le pro-
priétaire.
Cette seigneurie était réputée l'une des plus belles de
la rive sud du fleuve St-Laurent. Le sol en était remar-
quablement fertile, le climat des plus salubres, et avec
tout cela, un panorama des plus grandioses et des plus
réjouissants pour l'œil. En face de la seigneurie, un
groupe d'îles très fréquentées par les amateurs de pêche et
respectivement nommées Ile Brûlée, la Grosse Isle, de-
venue le siège de la Quarantaine, l'île au Patin, l'île de la
Providence, l'île aux Corneilles, etc.
Les pâturages de la seigneurie étaient aussi tenus pour
excellents, et déjà en 1830, raconte M. Bouchette, ancien
arpenteur-général du Canada, le beurre venant de Ka-
mouska était fort prisé sur les marchés de Québec.
La seigneurie de la Rivière Uuelle ou La Bouteilterie eut
pour premier concessionnaire en 16*72, Jean François
Deschamps, sieur de la Bouteillerie. Son fils Louis
Deschamps de Boishébert en hérita en 1276, et en 1781,
Michel Perreault acheta successivement les différentes
parties de ce fief.
— 68 —
Le fief Saint-Denis fut donné en 1679 à Nicolas Juche-
reau de Saint-Denis. Il passe ensuite, à l'honorable
Antoine Juchereau Duchesnay, et en 1812 à François
Blanchet. A partir de 1830, M. Amable Dionne en
devient l'acquéreur.
Sainte-Anne Lapocàtière forma aussi un fief. C'est
Talon qui eu fit la concession, le 29 octobre 1672, à
Demoiselle Marie-Anne Juchereau. veuve de Sieur de la
Combe Pocatière.
ORGANISATION DES PAROISSES. -PQPU LATJON- COLLEGE
CLASSIQUE-ECOLE D AGRICULTURE.
En 1832, le comté de Kamouraska ne contenait encore
que cinq paroisses organisées. Il en avait quinze en 1891,
et en cette même année de 1900, nous en relevons dix-
sept.
Quant au chiffre de la population, on l'estimait au
dernier recensement à 20,454 habitants :
Paroisses Population
Kamouraska (village) 600 âmes
Mont-Carmel 1 075 "
Rivière Ouelle 1 972 "
St Alexandre 1 741 "
Ste Anne de la Pocatière 2 734 "
St André et partie de Notre Dame du Portage. 1 398 il
St Denis 909 "
St Eleuthère 611 "
Ste Hélène 1 518 "
St Louis 1 050 "
St Onésime dlxworth 760
StPacôme 1 928 "
St Pascal de Woodbridge 3 109 "
St Philippe de Néri 1 049 »«
Bon nombre de ces paroisses, et notamment Ste-Anne
de la Pocatière, la Rivière Ouelle, St-Philippe de Néri,
— PO —
St-Paschal, St-André, S t- Alexandre, ont l'avautage d'être
reliés par le chemin de fer Intercolonial et sont respecti-
vement dotées d'excellentes gares.
Quelques-uns de ces villages — ceux surtout qui bordent
notre magnifique fleuve — ont une histoire déjà vieille. Il
en est en effet dont la fondation remonte à plus d'un
siècle et qui ont déjà été l'objet d'études assez approfon-
dies. C'est déjà dire que nous n'avons pas l'intention d'y
revenir ; au reste, cela nous entrai aérait au delà du but
que nous poursuivons. Nous ne toucherons — et encore
que très sommairement — qu'à six ou sept de ces villages,
déjà bien connus.
* *
Le plus important est Ste-Anne La P>>catière, à soixante-
quinze milles de Québec. On a déjà vu que sa population
atteignait près de 2,800 âmes. Il importe aussi d'ajouter
que cette paroisse est le siège d'un magnifique collège
classique, admirablement situé, et qui donne, chaque
année, l'instruction à près de trois cents élèves. Ce collège
fondé en 1827, parle révérend Charles François Painchaud,
a fourni à notre pays, toute une pléiade d'hommes qui
ont fait honneur à notre société.
Nos gouvernements ont aussi doté ce village, d'une
excellente école d'agriculture. Cette école reçoit, pour se
sustenter, une allocation aunuelle de $5,000 et ses cours
sont fréquentés par une moyenne de vingt-cinq à trente
élèves.
L'éloge de cette école n'est plus à faire Elle a rendu
et rend encore d'inestimable services à la cause agricole,
en combattant la routine et en mettant sous les yeux des
cultivateurs des exemples de culture améliorée réellement
payante.
Cette école possède une vaste ferme modèle dont la
superficie en terres soumises à la culture améliorante,
dépasse cinq cents arpents.
— 10 —
De plus, pour accommoder le commerce de la localité
qui est assez considérable, le gouvernement d'Ottawa a
commencé on 1885 et achevé en 1887 un quai sur le fleuve
de 585 pieds de long sur 20 pieds de large.
Ste-Anne possède en outre trois bonnes fromageries qui
ont rapporté l'an dernier plus de $20,000.
* *
Yoici maintenant le village de Kamouraska. Avec son
décor merveilleux, ses élégantes villas et son heureuse
situation sur le fleuve, il est devenu, depuis de longues
années déjà, le séjour recherché des citadins. Trois à
quatre cents personnes fréquentent ses belles plages
durant la saison estivale. Kamouraska fut même pen-
dant longtemps l'unique place d'eau de renom de la pro-
vince. On y accourait de toutes parts, mais depuis, la
concurrence est venue et la clientèle, avide de nouveautés,
s'est partagée. Ce déplacement ne peut affecter en rien
sa bonne renommée, Kamouraska demeurant toujours
l'une de nos stations balnéaires qui offrent le plus de
charmes aux touristes.
La \ aroisse de St Louis de Kamouraska a été démembrée
il y a quelques années. On en a tiré une nouvelle
paroisse qui a été érigée canoniquement en 1893 sous le
vocable de S aiut- Germain; M. l'abbé Ferdinand Bégin en
a été le premier curé titulaire. La population actuelle
de St-G-ermain est de H36 âmes.
*#*
Saint-Paschal est une paroisse qui date de 1827. En
ces dernières années, elle a été démembrée à son tour, et
l'on a formé en 1893 la paroisse de Saint-Bruno, avec une
population de 687 âmes.
*
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-71 —
Saint- Vacante est presqu'un village industriel. Les
messieurs King y possèdent une grande scierie qui donne
de l'emploi à plus de cent familles.
La fromagerie de St-Pacôme qui est installée sur un
bon pied a produit en 1899 une recette nette de $12,000.
^^
La paroisse de la Rivière Ouelle doit son nom à un ancien
contrôleur-général des salines en Brouage : M. Ouel ou
encore Houël.
Ce village, déjà ancien, situé sur la rivière du même
nom, sur la rive sud du Saint-Laurent, se trouve à près
de quatre- vingt milles en bas de Québec.
Il n'est peut-être pas sans intérêt de dire que sur ses
plages viennent s'ébaudir à l'ouverture de la saison prin-
tanière de nombreux troupeaux de marsouins, auxquels
les propriétaires riverains font une chasse souvent pro-
fitable. Pour ne parler que de la seule année de 1898,
deux cent quarante-cinq de ces animaux furent tués-
Leur dépouille peut donner, pour chaque tête, $35.00 à
$40.00, ce qui constitue, après tout, un profit qui n'est pas
à dédaigner.
L'industrie laitière est aussi en honneur dans cette
paroisse. Nous voyons, en effet par les statistiques de
1899, que la société de fabrication de beurre et de fromage
de la Rivière Ouelle a donné au commerce 52,766 livres
de beurre et 48,631 livres de fromage. Et cette société
parait vouloir augmenter encore ses opérations.
On remarque aussi à la Rivière Ouelle, ou plutôt à la
-\ Pointe aux Orignaux qui se trouve à quatre milles en bas
du village, une superbe jetée que construisit le gouverne-
ment vers 1856. Cette jetée, avec le phare que Ton y a
installé en 1875, a coûté dans les $250,000. Les bateaux
d'une certaine dimension peuvent aborder assez aisément
à ce quai, la profondeur de l'eau étant d'environ quatorze
pieds à marée basse.
— 72 —
La paroisse de Saint- Alexandre, à trente-cinq lieues de
Lévis, et que traverse le chemin de fer Intereolonial, a
cinquante ans d'existence.
C'est un village superbement bâti et qui respire l'ai-
sance.
Le grand commerce de bois qui se fait dans les cantons
en arrière et plus particulièrement, dans le canton Pohéné-
gamook a contribué dans une assez large mesure au
développement de ce village. C'est sur Saint- Alexandre,
en effet, que l'on dirige les cargaisons de bois coupé dans
le canton de Pohéuégamook, pour être de là transportées à
Québec.
Cette paroisse compte deux fromageries et deux bonnes
scieries à vapeur.
* *
Le village le plus éloigné du comté de Kamouraska
est St-Eleuthère. 11 se trouve entièrement dans l'intérieur
des terres, à vingt-quatre milles de St-Alexandre et à six
milles de la frontière.
Le voisinage immédiat dn lac Pohéuégamook n'est pas
sans lui donner un certain cachet d'originalité piquante.
C'est un village relativement nouveau, puisque sa fon-
dation remonte à peine à vingt-cinq ans, M. l'abbé
Edouard IV oy en fut le premier curé et le desservaut actuel
est M. l'abbé David Chenard.
St-Eleuthère est bâti en entier sur le côté sud-est du
lac; la colonisation n'a point porté encore de l'autre côté
pour cette bonne raison que les terres y sont médiocres.
Il faut noter toutefois que le canton Pohénégamook dans
lequel se trouve enclavée la paroisse de St-Eleuthère, ren-
ferme une assez grande quantité de bonnes terres. La
preuve en est dans le fait que chaque année l'on voit ici
grossir le noyau des colons et que les défrichements
avancent assez rapidement.
— 73 —
Le commerce de bois qui se fait daus ce canton est un
grand appoint pour les colons de l'endroit. Trois moulins
à scie y fonctionnent et l'on y fabrique plus spécialement
du bardeau que l'on expédie dans les autres paroisses du
comté.
St-Eleuthère a eu le bon esprit de se doter d'une froma-
gerie en juillet dernier. 0'e«t déjà dire que la classe
agricole trouvera ià un encouragement de plus à élever
des animaux et à tirer parti des pâturages
La route qui conduit de St-Alexandre à St-Eleuthère
est en excellent état et facilite grandement les relations
commerciales entre ces deux paroisses
La population actuelle de St-Eleuthère est de 650 âmes,
L'INDUSTRIE LAITIERE. -LE MOUVEMENT COLONISATEUR
L'industrie laitière a toujours été florissante dans ce
comté. Le dénombrement de 1891 donnait déjà 11,067
vaches laitières et les rapports officiels de 1896 signalaient
dans le même comté l'existence de dix-neuf fromageries
et de trois grandes beurreries, à St« Denis, à Notre-Dame
du Mont-Carmel et à St-Philippe de Néri.
La production de Tannée 1899 a été elle-même des plus
satisfaisantes. Klle a donné $36,621 pour le beurre et
$100,217 pour le fromage. D'après les apparences, ce
chiffre sera encore dépassé pour l'année 1900
Si l'industrie laitière est en plein épanouissement dans
ce beau comté, l'on ne saurait en dire autant du mouve-
ment colonisateur, au moins pendant les trente à quarante
dernières années. Nous n'irons jusqu'à dire que ce
mouvement a été nul, mais qu'il s'est affirmé d'une ma-
nière peu sensible.
Il ne faudrait pas en conclure que le territoire à
coloniser dans ce collège électoral est inférieur à bien
d'autres, ou même qu'il ne s'y rencontre pas assez de
terres dont l'Etat puisse disposer. Entretenir cette opinion
ce serait se tromper grandement. L'étendue des teires
— 74 —
disponibles dans ce comté est en effet près de 300,000
acres, avec six cantons dont qnelques-uns comme ceux
de Pohénegamook, Chabot, Ixworth, renferment nombre
de lots d'excellente qualité.
Ce qui parait avoir enrayé le mouvement colonisateur
dans ce comté, ou, ponr être plus précis, ce qui l'a empê-
ché de se déverser dans les cantons qui le composent, c'est
la campagne faite il y a plus de quarante-cinq ans déjà
en faveur de la région du lac >St-Jean. Monsieur le curé
Hébert, de regrettée mémoire, qui avait visité cette région
et qui en était revenu avec une impression des plus
favorables, fut le principal artisan de cette propagande.
A^a voix, les fil» de cultivateurs du comté de Kamouraska,
anxieux de se créer un établissement, dirent adieu à leurs
foyers et vinrent jeter les fondements d'une nouvelle
colonie dans le canton Labarre, dans le comté du lac St-
Jean. Les terres y étaient magnifiques, le sol fertile, le
pays dénué de roches. C'en fut assez pour que les pion-
niers venus de Kamouraska s'éprissent d'affection pour le
nouveau sol qu'ils ioulaient. De nouvelles recrues vinrent
bientôt se joindre à eux, et en quelques années les
colons de Kamouraska fondaient ce superbe village
d'Hébertville qui est devenu la plus grande paroisse de
la région du lac St-Jean.
Le courant, une fois dirigé de ce côté, il ne pouvait
plus être question de le contrecarrer. Au reste, ce
déplacement, quoique fait au détriment du comté de
de Kamouraska lui-même, servait en définitive la cause de
la colonisation et c'était le principal but à atteindre.
L'absence de voies de communication n'a pas été non
plus sans empêcher quelque peu un bon nombre de famil-
les des vieilles paroisses de Kamouraska de pénétrer à
l'intérieur et d'y asseoir de nouvelles colonies. On semble
compter maintenant — et après tout l'on n'a pas tort —
pour s'emparer des cantons et ouvrir la forêt, sur le chemin
de fer qui doit traverser les comtés de Bellechasse,
— 75 —
Montmagny, l'Islet et toucher Pohénegamook dans le
comté de Kamouraska. Il est hors de doute qu'une voie
ferrée traversant les immenses et belles forêts de ce comté,
imprimerait une impulsion vigoureuse à la colonisation
tout aussi bien qu'à l'industrie forestière dans ce petit
coin de notre pays.
LES CANTONS
Pohénegamook. — Fresque partout dans les onze rangs
qui composent ce canton, la terre est bonne. Il y a une
rangée de montagnes entre le premier et le deuxième rang.
Les deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième,
septième et huitième rangs, sont en bonne partie colonisés.
Ceux qui ont exploré ce canton autrefois ont appuyé
sur son importance comme centre de commerce, par son
beau lac et les communications par eau de ce lac à la
rivière St-Jean par la rivière St-François et par les che-
mins de communication entre St-Alexaudre, la Bivière-
du-Loup, îSaint-André et ailleurs.
Les grands chantiers que l'on fait ici depuis nombre
d'année ont en grande partie épuisé la forêt.
Il y a 35,000 acres à vendre dans ce canton, et il n'y a
jusqu'ici que 150 lots vendus.
Btjngay. — Ce canton est ouvert à la colonisation depuis
1857. Il compte neuf rangs mais les lots pris jusqu'ici se
trouvent dans k«s quatre premiers rangs.
Ce n'est pas au reste un canton dont l'on puisse dire
beaucoup de bien. Du sixième rang au neuvième, la
plupart des lots sont rocheux et pauvres J'ajouterai que
les nombreux chantiers qui ont été faits ont à peu près
ruiné la forer.
Chabot. — Douze rangs et 57,000 acres de terres à ven-
dre. Terrain accidenté mais propre à la culture, surtout
— 76 —
dans la partie sud du canton. Peu de colons s'y sont
dirigés, bien que ce canton soit ar. enté depuis quarante
ans.' Il y a à peu près un vingtaine de lots qui ont été
pris.
Les colons de Chabot viennent en grande partie du
canton Pohénégamook.
Chapais. — 54,000 acres de terres disponibles et mises en
vente depuis 1862. Environ 70 lots ont été achetés dans
les deuxième et troisième rangs, qui se trouvent sur le
chemin Taché. Le terrain dans ce canton est inégal et
rocheux.
Ixworth. — C'est le plus ancien canton du comté. Il fut
ouvert à la colonisation en 1842, mais déjà dans les pre-
mières années du siècle, vers 1802, des lots y avaient été
pris dans le premier rang.
Ce canton renferme seize rangs mais les sept premiers
sont complètement établis.
La paroisse de St-Onésime, forte d'une population de
505 âmes, fait partie de ce canton. Une route a été ouyerte,
en 1897, depuis le premier rang jusqu'au chemin Taché.
Il reste encore neuf rangs à coloniser, a\rec une étendue
de 38,000 acres de terres. Ces rangs ne sont pas toutefois
aussi bons, ni aussi avantageux que les premiers. Quant
au bois de commerce, il a été à peu près complètement
enlevé.
Painchatjd. — On a donné le nom de Painchaud à ce
canton qui offre une étendue de 39,000 acres de terres,
pour rappeler le souvenir du vénéré fondateur du collège
de Ste-Anne de la Pocatière.
Le sol est assez bon le long du chemin Taché qui
traverse ce canton, mais il laisse à désirer partout ailleurs.
Au reste, le défricheur canadien n'a pas encore porté
ses pas ici. C'est à peine si l'on trouverait ici, daus ce
— i i —
Vaste canton, huit à dix colons qui se sont fixés dans le
premier rang
On rencontre une grande quantité de cèdre dans ce
cantou.
Le gouvernement a donné, en 1897 $550.00 pour la
route du Mont Carmel qui traverse ce canton et celui de
Chapais. route conduisant de Notre-Dame du Mont-Car-
tel au lac de l'Est et de là jusqu'à la frontière des Etats-
Unis.
Parke. — Une bonne route de colonisation, le chemin
Pohenegaraook, traverse ce canton. Les terres y sont
cependant assez médiocres, et jusqu'ici peu de colons ont
été tentés d'y transporter leuis pénates. C'est à peine si
une dizaine de lots ont été pris.
Ce canton comprend onze rangs et une étendue de
26,000 acres de terres.
Woodbridge. — Il y a ici une colonie assez considérable
qui occupe les cinq premiers rangs. Elle comptait en 1896
une population de 607 habitants, et la valeur de la pro-
priété foncière était estimée à $90,970
Le reste du canton, c'est-à-dire les quatre autres rangs,
du cinquième au neuvième, est bien inférieur à la pre-
mière partie. Ajoutons aussi qu'il y reste assez peu de
bois.
On a fait, l'an dernier, un chemin de front sur le
deuxième rang, entre la route des Rivard et la route
centrale.
LE PRIX DES TERRES.
Les terrains dans les cantons du comté de Kamouraska
se vendent sur le pied de trente cents l'acre.
C'est M. N. LeBel, agent des terres à la Rivière-du-
Loup, qui est préposé à la vente de ces terrains.
TABLE DES MATIERES,
Pages.
Remarques préliminaires 3
DORCHESTER, (comté de) : —
Aperçu général 7
Industrie laitière 8
Rivières Etchemin, Famine etc „ 8
Paroisses : St-Anselme 9
do Ste-Hénédine, Ste- Claire, St-Isidore, St-Bernard.. 10
do Ste- Marguerite, St-Edouard, St-Malachie, St-Léon. 11
do St-Odilon, Ste-Germaine, St-Maxime 12
do Ste- Justine 13
Cantons : Cranbourne, Standon . . , 13
do Ware, Langevin 14
do Watford 15
St-Prosper 16
Ste-Rose 16
St-Ben jamin , 17
BELLECHASSE : (comté de) : —
Population 18
Paroisses : Beaumont, St-Michel , 19
do St-Valier, St-Raphaël, St-Charles, St-Gervais 20
do St-Lazare 21
Rendement des beurreries et fromageries pour 1899 21
Premiers essais de colonisation. Qualité du sol 23
Cantons et nouvelles colonies 24
St-Damien. L'orphelinat agricole 25
Notre-Dame Auxiliatrice de Buckland 30
St-Nazaire 31
Canton Mailloux 31
Paroisse St-Philémon 32
Canton Roux 33
St-Magloire (paroisse) 33
Cantons Bellechasse et Daaquam , 35
St Camille (mission) 35
Canton Armagh et paroisse de St-Cajetan 36
— 80 —
MONTMAGNY, (comté de) :—
Seigneuries 37, 39, 40
Montmagny (ville) et Rivière du Sud 38
L'Ile aux Grues et l'Ile aux Oies 38
Cap St-Ignace (paroisse) 39
Berthier (paroisse) , 40
Population 41
Exploitations agricoles er, industrie laitière 41
Industrie forestière. — La maison Price 42
Chemin Taché et la colonisation 44
Cantons Ashburton, Bourdages, Patton 46
do Panet, Talon, Rolette 47
do Montminy 48
Nouvelles colonies :
Notre-Dame du Rosaire , 48
Saint- Paul de Montminy 49
Sainte Apolline 50
L'fSLET, (comté de) :
Anciennes seigneuries et paroisses , 51
L'Islet (paroisse) 52
St Jean-Port-Joli, St-Roch, Ste-Louise, etc. (paroisses) 53
La pépinière de M. Du puis 53
Population. — Exploitations agricoles — Fromageries 54
Organisation du téléphone 55
Terres disponibles et routes de colonisation. — Prix des terres. 56
La route Elgin 56
Cantons Lessard, Beaubien, Arago, Leverrier 57
do Lafontaine, Casgrain 58
do Dionne, Fournier, Ashford, Garneau 59
Nouvelles colonies :
St- Damase, (paroisse) 60
Ste- Perpétue 61
St-Pamphile, (le premier colon) 62
La chasse au caribou et au chevreuil 64
St-Marcel 64
St-Adalbert = 66
KAMOURASKA, (comté de) :-
Anciennes concessions seigneuriales 67
Organisation des paroisses, population 68
Ste- Anne La Pocatière, école d'agriculture 69
Kamouraska 70
Sc-Paschal, St-Bruno (paroisses) 70
St-Pacôme, Rivière Ouelle 71
St- Alexandre, St Eleuthère 72
L'industrie laitière, le mouvement colonisateur. 73
Cantons Pohénégamook, Bungay, Chabot 75
do Chapais, Ixworth, Painchaud , 76
do Parke, Woodbridge 77
240
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La Bibliothèque
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